L’homme assis dans le couloir
L’Homme assis dans le couloir
de Marguerite Duras.
Mise en scène Alain Simon – Assistante Bénédicte Menissier -Lumière Syméon Fieulaine
avec Noëlie Giraud
Création 2020 du Théâtre des Ateliers
Avec L’homme assis dans le couloir de Marguerite Duras, le Théâtre des Ateliers poursuit son travail sur la parole limite en proposant la création avec Noëlie Giraud de ce texte radical et poétique dans une mise en scène d’Alain Simon.
dossier Duras L’Homme assis dans le couloir
Les textes de certains auteurs sont comme des pays à découvrir. Il faut y aller équipé des moyens du théâtre. Car le théâtre, nous le pensons, est un bathyscaphe qui permet d’explorer les profondeurs d’une œuvre. Ce n’est pas facile, ces pays ont une langue qui, même si elle ressemble à la nôtre, détient une singularité qui mérite un apprentissage. C’est le cas pour L’homme assis dans le couloir de Marguerite Duras, texte peu connu, sans doute en raison de sa complexité. Cette langue poétique avec une dimension érotique et violente étonne. L’équipe de création est partie à l’aventure en expérimentant ce texte et les spectateurs sont conviés à voir les résultats de ses investigations. Nous aimons ce texte, c’est notre point de départ et notre parti pris est de tenter de savoir pourquoi, en partageant avec le public nos notes de voyage sous la forme de ce spectacle. Alain Simon
Du jeudi 5 au mercredi 11 mars à 20h30, dimanche 8 à 18h
Anne Randon a publié ce texte le lundi 9 mars :
L’HOMME ASSIS DANS LE COULOIR, de Marguerite Duras.
Mise en scène d’Alain Simon
Étrangeté d’une parole qui s’élève sur la scène du théâtre des Ateliers, entre ombre et lumière. “L’écrit vient d’ailleurs, d’une autre région que celle de la parole orale. C’est une parole d’une autre personne qui, elle, ne parle pas.” disait Marguerite Duras. Les mots qui surgissent ont cette musique singulière qui n’appartient ni l’oralité ni à l’écriture. Parole incarnée puisque portée par la comédienne Noëlie Giraud, qui lui donne le grain profond de sa voix, la présence aussi forte que sobre de son corps – mais aussi désincarnée, par la distance presque clinique et cependant habitée avec laquelle elle raconte. Plateau nu, vivant pourtant, au gré des flux de conscience, du kaléidoscope des perceptions que déploie le texte, des déplacements de cette femme dont le corps, la voix, se modifient au gré de ses points de vue, dans une indétermination qui ouvre les portes de l’imaginaire : le paysage décrit relève-t-il du réel ou de l’univers mental ? La scène narrée appartient-elle au présent, au passé, au fantasme ? Et ce regard qui fait exister le couple, n’est-ce pas à la fois celui d’une narratrice-voyeuse, celui de l’amoureuse engagée dans l’étreinte sexuelle, celui de l’écrivain qui, au nom de toutes les femmes, fait entendre la voix du désir ? Récit de irreprésentable, ces fragments d’une narration éclatée, à l’image du morcellement des corps en jeu, sont autant de variantes autour d’une même scène, comme autant de vagues successives qui tentent d’approcher le mystère de la jouissance. À travers la parole d’une femme, ils osent dire, telle une brûlure glacée, le rapport intime entre le sexe et la violence, le plaisir et la douleur, dire la perte de soi dans l’expérience spirituelle de l’union avec le monde. Dans cette exploration des zones obscures de l’humain, Noëlie Giraud apporte sa générosité et sa rigueur, se tenant fermement sur une ligne d’équilibre entre l’engagement et la retenue, la seule qui puisse concilier la crudité du langage et sa qualité poétique, la seule qui puisse donner à une expérience personnelle une portée universelle.
Pierre Le Borgne a assisté à la séance du 10 mars :
L’Homme assis dans le couloir – Marguerite Duras
« Parole limite » dit la note de présentation du Théâtre des Ateliers en parlant de ce texte, mis en scène par Alain Simon et magistralement interprété par Noëlle Giraud.
Il est vrai que cette œuvre nous bouscule et nous entraîne, dans le labyrinthe de la création littéraire, au bord de l’indicible. Elle nous fait éprouver, dans ce récit d’une scène imaginaire, les hésitations de l’auteure, ses fulgurances poétiques et ses phantasmes érotiques. A l’usage du conditionnel, qui nous montre à la fois ses hésitations et sa volonté de garder une distance par rapport au réel (comme le font les enfants qui jouent : « on dirait que tu serais le loup »…), s’oppose l’usage affirmé du présent, qui nous signifie que l’auteure a alors bien en main son récit et qu’elle peut nous emmener avec elle, et avec les mots les plus précis, au cœur de cette scène d’amour qu’elle construit en direct pour nous. On est alors emporté par la voix de l’actrice qui nous décrit sans concession, en voix off, cette histoire d’amour physique, et qui nous fait partager, magnifiquement, par la voix et par des gestes à minima, les sentiments, les émotions et les jouissances des protagonistes de cette histoire.
Pour un oui ou pour un non de Nathalie Saraute
La société du Dé
Texte et mise en scène Avicen Riahi avec Boris Bayard
Genèse et note de l’auteur
La société du dé est une création originale qui trace un parallèle avec le livre de Georges Cockroft(alias Luke Rhinehart), L’homme dé.
Voilà mon propos : drapés en scénettes tragiques, comiques, cyniques, allégoriques et de mauvaise foi (comme si elle était une croyance !).
Au milieu de la scène Boris gît sous un drap. Il s’apprête à naître devant nous. Face à lui, les spectateurs se sont amassés, « une histoire! » « Une histoire ! » les gens sont bien élevés, ce ne sont pas les bouches qui hurlent, mais les cœurs. C’est très voyou un cœur… Un bras se redresse! Voilà notre comédien debout, et qui distingue mal les gens autour. Le temps de comprendre son corps, il voit dans les gradins un visage qui l’interpelle. C’est en voyant ce visage qu’il appréhende le sien. Boris s’approche, il n’a plus peur maintenant, c’est un autre sentiment qui l’étrangle, les larmes viennent… c’est une sorte de communion, comme si c’était encore possible. Et puis le comédien remonte sur scène et nous propose son dos, un temps, et lorsqu’il se retourne enfin, ce n’est plus lui. Il s’apprête à tirer le Dé, qu’il présente comme son glaive. Boris désire se surprendre, il a six options en tête.
Si je fais 1 j’arrête tout et je reprends mes études ;
si je fais 2 je deviens musulman, pourquoi pas ?
si je fais 3 je picole et je me couche ;
si je fais 4 j’appelle mon père et je pleure au téléphone.
Si je fais 5 je mate youporn et je pleure dans mon lit.
Si je fais 6…Si je fais 6 je viole ma colocataire.
Administrateurs créateurs
textes et jeu : Nicolas Bole, C
amille Nauffray et Laetitia Sadak
Laetitia anime des réunions comme personne. Camille a fait du tableau croisé dynamique un art. Nicolas est le roi de la coordination, des reporting et des débriefing. La vie les a préparés à devenir des supers administrateurs. On les attend là alors qu’eux, ils voudraient aussi être ailleurs. Ils sont créateurs chez les administrateurs, administrateurs chez les créateurs. Le cul entre deux chaises, la question de la légitimité au-dessus et le vide en dessous. Entre candidatures restées lettres mortes, CV à rallonge, maitrise de la novlangue et tentatives artistiques en tout genre, ils se bricolent un monde sur des sables mouvants.
« Début mars, j’appelle Camille, je vois Camille, je ne dors pas, j’appelle Camille, je vois Camille, Je ne dors pas, j’appelle Camille, je ne dors pas, je vois Camille, je dors chez Camille, je ne dors pas, je quitte la maison de Camille.Je demande un rdv avec ma N+1 et ma N+2. Je rencontre ma N+1 et ma N+2. J’expose la situation à ma N+1 et ma N+2. Je ne dors pas, Je demande à ma N+1 et à ma N+2 de cesser le renouvellement de mon contrat, parce que je ne dors pas. Je ne dors pas mais je suis compétente alors je ne pars pas. Je suis compétente, je mérite un contrat, alors je ne pars pas. Je ne dors pas.Je veux disposer ! Je demande une disposition, un congé sabbatique. Je n’ai pas le droit. Je pose un congés maladie. Je ne dors toujours pas. Je demande un congés formation. __
« Je suis une feuille de routeJe suis une note d’intentionJe suis un bilan d’activitésJe suis un rapport moralJe suis un budget prévisionnel à 1, 2, 3 ansAlors que ….moi-mêmepour moi-mêmeJe ne sais pas où je vaisJe ne sais pas ce que je veuxJe ne sais pas ce que je faisJe ne sais pas ce que je vauxJe ne sais pas ce que je gagne »___“C’est usant, d’aller d’un boulot à l’autre. D’un rêve à l’autre. C’est comme changer de maison tous les 6 mois. Toujours ranger, classer, déterminer ce qu’on jette, ce qu’on garde. Faire l’inventaire du passé. Les sacs sur le dos, qui scient les épaules tant ils sont remplis. Les valises dont les roulettes ne roulent plus. Le dernier carton, où on met tous les trucs qu’on n’a pas réussi à classer dans les autres cartons.J’ai tout simplement l’impression de pas avoir le temps d’être artiste. Je me dis qu’il faut juste faire mais je n’arrive pas à savoir où s’arrêter dans le processus créatif. Peut-être qu’être artiste, c’est arriver à fixer le flux créatif dans un rendez-vous ?”
Places à 15 €, Adhérents, étudiants 13 €, scolaires 7,50 €, à régler seulement par chèque ou en espèces
Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute
création invitée en partenariat avec Salon Milord Cie
Mise en scène et interprétation Mickaël Zemmit
“J’avais 19 ans quand j’ai vu la pièce. C’était à Avignon. Je me souviens du théâtre, je me souviens des costumes, je me souviens du carré de lumière au centre. Il y avait eu deux pauses avec de la contrebasse. Le texte a résonné souvent en moi depuis ce temps là, comme une silhouette familière aux lignes simples.
Pour un oui ou pour un non était destinée à la radio, chaque mot choisi par les personnages constitue marqueur d’identité. L’auteur disait elle même que Pour un oui ou pour un non pouvait être un monologue intérieur, une seule conscience qui suit des mouvements différents, l’un chassant l’autre alternativement. “
Guitariste, auteur-, Mickaël Zemmit se forme au théâtre en entrant dans « La compagnie d’entraînement » du Théâtre des Ateliers, promotion 2011-2012. Il travaille depuis sur des projets alliant musique et textes, et accompagne Alain Simon dans les séances consacrées à la lecture à haute voix dans les lycées. Musicien-comédien il participe avec Alain Simon aux créations des trois Monologues, Sous le signe du chien création 2015-2016 , Jaloux de Dieu création 201 7 et Aimer aimer création 2018. En décembre 2018, il propose dans Parcours Opéra Salon Milord. En mai 2019, il participe avec sa compagnie au festival Les sons du Lub’ à Beaumont de Pertuis.
Dialogue
Création 2019 : Dialogue
texte et interprétation Noëlie Giraud et Elyssa Leydet Brunel
Mise en scène Alain Simon- assistant à la m.-en-scène Gilles Jolly – lumière Syméon Fieulaine
Après une lecture de Savannah Bay de Marguerite Duras par les deux comédiennes, Alain Simon leur a demandé d’écrire par échange de mails un texte à deux voix sur le même thème de la mémoire, Noëlie Giraud, formée chez Jacques Lecoq, étant par ailleurs scénariste de longs métrages et Elyssa Leydet Brunel élève de la section Écrivain dramaturge de l’ENSATT. Dialogue est le fruit de ce travail d’écriture qui semble contenir des traces, des pensées, des mots, que le metteur en scène se propose de faire remonter à la surface de l’eau, de la conscience, sans percevoir de quelle profondeur ils sont sortis.
Une jeune femme vient visiter une personne plus âgée qui a été, peut-être, une grande comédienne et qui n’est visible-ment plus en activité. On ne sait pas si la jeune femme vient pour lui faire travailler la mémoire, on a l’impression qu’elle a aussi des enjeux personnels. Elle est peut-être sa fille, perturbée de voir sa mère perdre la mémoire, angoissée de ne pas savoir certaines choses qu’elle aimerait connaître. Pourquoi particulièrement ce jour-là ?
Places à 15€, adhérents, étudiants 11€, scolaires 7,50€
Article paru dans La Provence du 28 février
Anne Randon a posté ces ligne sur son compte Facebook le 4 mars
Un dialogue en huis clos, pour exhumer le passé, lui redonner vie en l’enfermant, paradoxalement, dans des mots. Mais quel passé ? Celui de l’imaginaire collectif des contes et comptines, qui revient comme un leitmotiv, ou celui de deux femmes, apparemment dissemblables, unies par un lien mystérieux? Qui est-elle cette longue dame blanche comme une mariée, comme un cadavre, comme un fantôme? Qui est-elle cette Agathe à la voix enfantine, sa domestique, sa demoiselle de compagnie, sa sœur, sa fille ? Ou tout simplement sa partenaire sur le plateau…. Un dialogue comme autant de scènes de théâtre maintes fois répétées, de variations sur la recherche de soi-même, de tentatives pour épuiser sa vérité. Le langage pour échapper au chaos, pour mettre de l’ordre dans le monde. Mais ne peut-on pas lui préférer le désordre, la vie ? Un dialogue comme un monologue, une confrontation à un autre soi-même, à ce que l’on fut, à ses propres ambiguïtés, comme un cheminement à travers les méandres d’une vie.
“Dialogue”, un beau texte tout en mystères et en détours, riche du rapport intime qu’entretiennent avec lui les deux comédiennes. Une parole pour lutter contre la suffocation, l’oubli, la cendre, mais pour rendre sensible, aussi, l’importance de ce qui est tu.
Article paru dans La Provence le 7 mars
L’Envol d’après les Oiseaux de Tarjei Vesaas création de la cie Le Pays Lointain
Accueil de la compagnie Le Pays Lointain : L’Envol
d’après le roman Les oiseaux de Tarjei Vesaas adapté par Jean-Marie Broucaret et Gilles Jolly
Mise en scène Jean-Marie Broucaret – Lumières Syméon Fieulaine
avec Gilles Jolly
L’Envol, première création de la compagnie Le Pays Lointain, dont Gilles Jolly est le directeur artistique, a été créée en octobre dernier au Théâtre des Chimères de Biarritz à la suite de résidences au Théâtre des Ateliers et à Biarritz.
À l’origine de ce projet, un laboratoire sur la figure du simple d’esprit mené par le metteur en scène Jean-Marie Broucaret, qui questionnait déjà la présence, l’humanité et les comportements frontières d’humains décalés. Puis marqués tous les deux par la lecture du roman Les Oiseaux de l’auteur norvégien Tarjei Vesaas, Jean-Marie Broucaret et Gilles Jolly décidaient d’en faire une adaptation théâtrale.
Tout intéresse et tout questionne Mattis, le héros de L’Envol : il est celui qui ne sait pas, mais qui tente de savoir en observant un pas grand chose. C’est une parole immédiate, trébuchante, libre et poétique qui parle de l’invisible dans un monde fait de signes et d’apparitions. Comme dans le livre, le narrateur est comme un frère de Mattis, dans une juste distance pour raconter cette histoire qui n’est à priori pas la sienne. C’est une expérience de vie à vivre, ici et maintenant, avec le public.
Seul au plateau et mis en scène par Jean-Marie Broucaret, Gilles Jolly est ce personnage d’idiot céleste décalé et drôle, d’une candeur proche de l’enfance et du clown. La création lumière qui tient lieu d’installation et de scénographie est assurée par Syméon Fieulaine.
Places à 15 €, adhérents, étudiants 11 €, scolaires 7,50 €
Anne Randon a posté ce texte sur son compte Facebook :
Mattis, surnommé “La houpette”, moqué et rejeté par un monde dont il ne possède pas les clés, vit un huis clos avec sa sœur Hege, jusqu’à ce qu’une passée de bécasses lui ouvre les portes d’un autre univers. Sa simplicité, qui le sépare des autres, se traduit en effet par une relation privilégiée avec la nature, à laquelle il s’identifie, et permet au spectateur d’être confronté à une autre forme d’humanité. Seul en scène, Gilles Jolly parvient par la sobriété et la subtilité de son jeu, l’intensité fragile de son regard et de sa voix, à rendre Mattis infiniment touchant dans sa différence, nous incitant ainsi à interroger notre rapport au monde et aux autres.
La Provence – 30 novembre 2018
Performance 2018 : Le Dieu des Petits Riens
A l’occasion de la parution du Ministère du bonheur suprême, deuxième roman d’Arundhati Roy, le Théâtre des Ateliers reprend la performance donnée l’an dernier par Élyssa Leydet-Brunel dans le cadre de la Fête du Livre 2016. “Les adaptations théâtrales de romans font souvent la part belle aux dialogues, laissant le plateau et les décors se substituer aux descriptions, oubliant que les mots sont souvent les passeurs irremplaçables de leur dimension poétique et épique. Nous avons choisi de dire ces textes descriptifs en les considérant comme les matériaux d’une performance sur la parole. J’ai confié à la comédienne Elyssa Leydet-Brunel le soin de rendre compte de leur intensité. Elle a appris ces textes et les dit pendant près d’une heure comme on descend les rapides d’un fleuve ». Alain Simon
…… Sur le plateau nu, une jeune femme seule, sans accessoires aucun, sans costume exotique ni livre à lire, a regardé sans sourciller le public. La lumière s’est éteinte sur les spectateurs et Élyssa a fait apparaître le monde des Petits Riens. La voix changeante, les gestes sobres et les déplacements de la comédienne, un éclairage discret harmonisé à des situations toujours décrites avec précision par Arundhati Roy ont transporté magiquement les auditeurs spectateurs que nous étions dans l’univers étrange de Rahel, d’Estha et de leur famille. Quand les 55 minutes se sont terminées dans le noir d’un drame inattendu nous sommes restés immobiles et fascinés. Les applaudissements se sont prolongés longtemps. Je redécouvrais que le temps pour moi devenu ennuyeux dans un roman des descriptions et des décors était aussi et encore un plaisir à vivre. Michel Morin (16 octobre 2016)
Après un diplôme du Conservatoire d’Art dramatique d’Avignon et une licence de Lettres modernes, Élyssa Leydet-Brunel a fait partie de la promotion 2015-2016 de la Compagnie d’entraînement”. En 2016-2017 elle est lectrice de textes d’Arundhati Roy et d’auteurs coréens pour Les Écritures Croisées à la Méjanes et de Bruno Leydet au Théâtre du Hang’Art à Marseille, elle est comédienne dans Les fils barbelés avec la Cie Corps Itinérants, et dans Grand Cœur avec la Cie Intérieur. En mars 2018, elle fait partie de l’équipe artistique d’Aimer aimer, création 2018 du Théâtre des Ateliers.
Anne Randon, professeur de l’Option théâtre au lycée Cézanne, nous a envoyé ce texte :
Il y a maintenant 20 ans paraissait Le Dieu des petits Riens , ce roman d’Arundhati Roy, qui faisait vivre son Inde
natale, à travers Rahel, une jeune femme que son retour sur les lieux de son enfance confronte au passé. A l’occasion de la venue d’Arundhati Roy à Aix, lors de la fête du livre 2016, Alain Simon avait imaginé une performance autour de ce texte, qu’il avait confiée à Elyssa Leydet-Brunet. Son parti-pris allait à contre-courant des adaptations traditionnelles : donner à entendre non pas des dialogues, mais le souffle de l’épopée, la densité et la poésie des descriptions. C’est cette performance qui a été reprise, le vendredi 26 janvier, au Théâtre des Ateliers.
Plateau nu, espace ouvert à l’imaginaire, prêt à être peuplé de mots. Elyssa nous offre l’étonnement émerveillé d’une découverte qui semble être la sienne et la nôtre à la fois : découverte des lieux, tous sens en éveil, et parallèlement découverte de cette écriture luxuriante de l’auteur, si propre à rendre compte de la réalité exubérante de l’Inde. Réalité à laquelle elle donne chair par sa façon de faire vivre cet univers exotique et proche à la fois, réalité avec laquelle elle fait littéralement corps, tout en la mettant subtilement à distance.
Aimer aimer – Monologue 3
Aimer aimer – Monologue 3
Texte et mise en scène Alain Simon
Assistant à la mise en scène Gilles Jolly – Lumière Syméon Fieulaine
Collaboration artistique Emmanuelle Simon
avec Jeanne Alcaraz, Elyssa Leydet-Brunel, Alain Simon et Mickaël Zemmit
« Avec le triptyque Sous le signe du chien en 2016 , Jaloux de Dieu en 2017, repris en novembre au Bois de l’Aune, et Aimer aimer en 2018, Alain Simon explore un méthode d’écriture qui s’appuie sur l’improvisation, possibilité de juxtaposer différents niveaux de langage, des événements sans liens rationnels les uns avec les autres mais en cohérence avec le parcours sensible de notre vie, reliés de façon souterraine comme ces îles qui se découvrent à marée basse complètement reliées entre elles, ne constituant qu’une seule identité. Aimer aimer est là encore la tentative d’appliquer à l’écrit les techniques d’improvisation où les ruptures dans le récit sont la règle, non pas pour changer de propos mais bien au contraire pour suivre le fil de la pensée ! Mais au contraire des deux autres, ce troisième monologue s’inscrit dans un enclos thématique, celui de l’amour, qui lui donne l’apparence d’une conférence étrange, car les quatre acteurs musiciens chanteurs tentent de comprendre les différence entre être amoureux et aimer, pourquoi on peut être seul à deux dans le couple, la fusion amoureuse dans la rencontre, la passion mais aussi les affres de la séparation, l’amour des grands parents, des enfants, l’amour des fleurs… Tout en développant le parler chanté et le récitatif, le traitement artistique fait une large place à la musique, au chant choral, à la chorégraphie qui s’ajoutent à la discontinuité du récit dans la quête d’une totalité de notre perception. » Alain Simon
du vendredi 23 au jeudi 29 mars à 20h30, dimanche 25 à 18h
places à 15 €, adhérents, étudiants, chômeurs 11 €, scolaires 7,50 €
Accueil du Théâtre du Maquis : BAGA, de Robert Pinget
Nous accueillons le Théâtre du Maquis pour 4 représentations de BAGA du 20 au 23 octobre
Jaloux de Dieu – Monologue 2, Création 2017
Photographie © Cagliari Texte et mise en scène Alain Simon
Assistant à la mise en scène Gilles Jolly – Lumière Syméon Fieulaine –
Avec Jeanne Alcaraz, Alain Simon et Mickaël Zemmit
Places à 15 €, adhérents, étudiants 11 €, Pass’arts 7 € Dossier Jaloux de Dieu création 2017


Le monde vu des mots
Si les textes sacrés parlent toujours d’un Dieu Jaloux, Alain Simon détourne l’épithète et reprenant sans grandiloquence le thème de l’artiste concurrent de Dieu (et par là maudit), intitule son nouveau spectacle Jaloux de Dieu. Reprenant la forme de Sous le signe du chien, , le comédien, auteur et interprète, joue des associations d’idées, des glissements de sens, des échos pour un Monologue 2 aussi brillant que le 1. En un cheminement à l’imparable logique, ce virtuose du langage nous conduit du thème de la « médiation et sécurisation » (premiers mots du Monologue) au portrait de la femme de Cézanne ! Entre temps, nous sommes passés par l’aéroport de Rome, les autoroutes d’Hitler, la garnison de Toul, avons croisé une foule de personnages, du coiffeur à Van Gogh, évoqué situations et souvenirs, micros évènements qui constituent l’existence, deuils, joies, par le biais d’anecdotes, de récits, mélange du sublime et du futile… goût pour les paradoxes, depuis celui d’un titre glané, Paroles sur le mime d’Etienne Decroux, aux remarques qui allient poésie et dérision, « l’ombre doit être un flirt avec le soleil »… Définir les grands élans, fascination, frustration, échecs, succès, lois des convenances, jeu des écarts, magique liberté… conquête de l’innocence qui autorise une appréhension neuve et sereine du monde, ébauche d’un art du bonheur : « celui qui en forêt ne connaît pas le nom des arbres peut jouir pleinement de sa promenade »… L’art poétique se précise avec le portrait de la mère de Cézanne, la rêverie sur le point de vue sur le détail qui noie l’essentiel… il faut alors s’efforcer de « faire comme les peintres, cligner des yeux pour perdre le détail des choses qui masquent les formes en entretenant entre elles des relations faussées par leur utilité ». Le tout s’emporte, baigné des lumières de Syméon Fieulaine, aux sons de la subtile guitare de Mickaël Zemmit, les modulations inventives de Jeanne Alcaraz, contrepoint de chœur antique… Humour, ironie, profondeur, se conjuguent avec aisance dans cette performance acrobatique qui sait si bien lire les remuements de l’âme humaine.
MARYVONNE COLOMBANI
avril Photographie © Cagliari2017
Spectacle donné au théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence du 25 au 31 mars
Photographie © Cagliari
JALOUX DE DIEU
Après Monologue 1- Sous le signe du chien, dans lequel Alain Simon nous entrainait dans le labyrinthe de ses souvenirs d’enfant et d’adulte, il poursuit, dans Monologue 2 – Jaloux de Dieu, sa quête existentielle avec la même forme littéraire, mais avec une forme théâtrale beaucoup plus élaborée.
Alors qu’il avait retenu pour Monologue 1 un jeu statique, caché derrière ses lunettes noires, sans doute en raison du caractère plus intime du texte, il opte cette fois-ci pour une mise ne scène dans laquelle il utilise le langage du corps pour enrichir le texte. Il a aussi développé ce qui n’était qu’à l’état d’ébauche dans Monologue 1 : une diction chantante qui confine parfois au chant lyrique et qui donne une force poétique et incantatoire au texte.
Il s’est adjoint pour cette performance deux artistes : Mickaël Zemmit qui soutient le texte à la guitare et au chant (comme il l’avait fait dans Monologue 1, mais avec cette fois une présence scénique plus marquée – il lui arrive même de rire et de faire bouger ses oreilles!) et Jeanne Alcaraz qui prête sa voix et son chant (sa complainte improvisée est magnifique !) en ponctuation au texte d’Alain Simon.
Quant au texte, on retrouve, comme dans Monologue 1, une pensée vagabonde qui passe sans transition d’un thème à l’autre, avec toujours les références aux comportements des chiens et des enfants qui constituent l’un des matériaux de prédilection de son enseignement. On retrouve aussi les souvenirs d’enfance, la photographie et la peinture, mais aussi des thèmes nouveaux comme les phobies, les frustrations, le poids des règles, la maladie et la mort, et bien d’autres sujets encore qui dessinent le portrait d’un homme plongé dans le chaos du monde, qui s’interroge sur le sens de la vie et qui s’émerveille d’une simple caresse sur la joue.
Un spectacle à voir de toute urgence au Théâtre des Ateliers, tous les soirs à 20h30 jusqu’au 31 mars. Pierre Le Borgne – 27 mars 2017
Jaloux de Dieu
Et bien d’autres éléments de réflexion qui font la densité de ce texte et sa forte résonance.
TRiiiO, Fritz, Félix et Piola
Nous sommes heureux d’accueillir au Théâtre des Ateliers TRiiiO, création 2016 des Nouveaux Nez & Cie au festival d’Alba la Romaine en juillet dernier, mis en scène par Alain Simon et actuellement en tournée.Dans le cirque, les clowns, on les attend, ils arrivent entre deux numéros, s’imposant avant d’être chassés. Paradoxe, on n’attend qu’eux, mais ils sont de trop. Leur temps de présence sur la piste est toujours du temps volé au temps de la représentation des numéros, des jongleurs, des avaleurs de sabres, des acrobates, des dresseurs d’éléphant, de tigres, de chiens… Et le premier challenge de ce travail avec les trois clowns Fritz, Piola et Félix, fut celui d’un travail exclusif sans autre numéro. Le deuxième challenge était qu’ils devaient surtout jouer dans des théâtres sans chapiteau, et sans la toile du chapiteau, sans la piste, les clowns sont alors comme des campeurs qui quitteraient leurs tentes pour aller s’installer dans des hôtels prestigieux. Et en plus, il faut qu’ils tiennent une heure quinze, en étant des invités et non des passagers clandestins. Comme des nomades devenus soudain sédentaires, on leur impose des règles qui ne sont pas dans leurs traditions et on les encourage à raconter une histoire avec un début et une fin.
Nous avons pourtant choisi, pendant cette durée d’une heure quinze, de garder ce statut des clowns de piste qui s’invitent sur scène où il est bien prévu qu’ils fassent un spectacle, mais ils ne sont sûrs ni de l’heure, ni du lieu. Peut-être même que ce ne sont pas eux qui doivent jouer. Mais c’est trop long d’attendre, ils veulent que le spectacle soit court, car ils ont entendu qu’il y aurait un vin d’honneur à l’issue de la représentation, et la perspective de ce vin d’honneur devient l’enjeu essentiel de deux des protagonistes, Piola et Fritz. Félix, lui, il est bien élevé, et cela lui dirait bien de jouer et de faire un vrai spectacle, avec des numéros et de la lumière et de l’ordre… Alain Simon
Mise en scène et écriture : Alain Simon, assisté de Gilles Jolly / Responsables artistiques : Alain Reynaud et Heinzi Lorenzen / Jeu et écriture : Alain Reynaud, Heinzi Lorenzen et Gabriel Chamé Buendia / Écriture des numéros clownesques : Ami Hattab Lumière : Pascal Chassan – costumes Patricia de Petiville – Accessoires : Marie-O Roux assistée de Margot Van Haelst
Tarif 15€, adh. étud. 11 €, Pass’Art 7 € – rés. 04 42 38 10 45 – theatredesateliers @yahoo.fr
Trois clowns, trois approches réunies : française, sud américaine, anglo-saxonne… Quatre langages différents : français, allemand, espagnol, anglais… Alain Reynaud, Heinzi Lorenzen et Gabriel Chamé Buendia ont tous les trois une expérience du travail du clown différente et très personnelle. Ils ont fréquenté des compagnies aussi diverses que Les Nouveaux Nez, Le Cirque du Soleil et le Footsbarn Travelling Theatre. Depuis plusieurs années, leurs chemins se croisent au plateau autour de cet art. Ils ont aujourd’hui envie de donner vie et forme à un trio clownesque, une forme si difficile à faire naître et surtout à faire durer dans le temps.
« On a affaire à trois belles personnes qui ont chacune un univers fort. Ces trois univers ne sont pas de façon évidente complémentaires dans ce que pourrait être un trio classique, où les trois personnages se construisent au départ en rapport étroit et concomitant à leur pratique commune de trio. Or, chacun de ces trois clowns a déjà une histoire propre et un parcours qui clairement ne s’est pas construit avec les deux autres ! De fait, ce qui domine dans l’intérêt du trio c’est la rencontre, je dirais le télescopage de ces trois parcours, trois ensembles dont il faut chercher l’intersection ! À ce titre, l’improvisation est nécessaire pour l’approcher et la délimiter. Un autre élément déterminant est le goût commun pour un travail du clown classique, dont l’envie de travailler des numéros est le symptôme. C’est donc une forme de célébration à trois du travail du clown avec, en filigrane sa mythologie, son histoire et son imaginaire. Et dans ces numéros, ce qui me semble le plus intéressant, c’est de revisiter les jeux les plus simples, chapeaux, claques, entrées, etc. Autrement dit, trois clowns à la longue expérience créative qui se font et nous font le plaisir de pratiquer les fondamentaux de leur art ! Mais le plus important pour moi est la rencontre de ces trois corps qui se cherchent, se frottent, interrogent leur univers propre au contact de l’univers des deux autres. Le travail d’improvisation doit essentiellement être consacré à l’exercice de l’invention de la rencontre : ces trois là se cherchent et par cette recherche peuvent nous faire accéder à des atmosphères étonnantes, une poésie, un baroque, proches de ce l’on trouve dans le théâtre contemporain ». Alain Simon.
« Notre passion pour le clown oscille entre la tradition et la création, le populaire et l’expérimental. Nous explorons des nouvelles écritures et des nouvelles confrontations avec le public pour la figure du clown. L’envie est de créer un spectacle dans lequel l’univers très personnel des trois clowns cohabite avec ce qui est, chez des clowns de piste, plus direct et immédiat. Aujourd’hui le rire est presque exclusivement basé sur la blague, la vulgarisation ou l’autodérision. Ça n’engage rien de profond. Le rire que suscite le clown vient du ratage. Il est toujours tragique. Il nous fait penser à nous-mêmes. Avec le clown nous avouons l’imperfection de l’homme ». Félix, Fritz, Piola.