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28
Jan

Tartuffe d’après Tartuffe d’Après Tartuffe d’après Molière

 

 

Zibeline janvier 2015

Vu par Zibeline

Guillaume Bailliart seul sur scène pour tous les rôles de Tartuffe !

Le triomphe de Tartuffe

• 14 janvier 2015⇒16 janvier 2015 •

Guillaume Bailliart seul sur scène pour tous les rôles de Tartuffe ! - Zibeline

Pièce sur l’hypocrisie,  le Tartuffe de Molière reste d’une brûlante actualité. La cabale des dévots fera interdire la pièce, dont la conclusion, qui accorde la victoire totale au masque, à la fausseté, à la manipulation, à l’affectation des meilleures vertus à des fins criminelles, trouble par sa vérité sombrement pessimiste. L’œuvre ne pourra retrouver le chemin de la scène qu’après la concession d’un deus ex machina, le roi Louis XIV lui-même, qui vient rétablir l’équilibre, dénoncer le mal et rendre grâce à l’honnêteté enfin récompensée. Par bonheur, il semble que les troupes reviennent à la fin première, sans illusions où Orgon, « traître à lui-même » perd sa fortune accaparée par le faux dévot Tartuffe. Le parti pris de Guillaume Bailliart est celui de la virtuosité. Celle du texte, mis à nu, superbement dit, celle de la solitude, brillante. Seul sur scène, l’acteur endosse tous les rôles, nous fait ‘voir’ et entendre les différents personnages avec une vérité confondante. Les noms des protagonistes inscrits au sol et sur les murs sont désignés, convocation au paraître, et se retrouvent là, devant nous, dans l’incarnation fulgurante que leur concèdent les mots. Tout est joué, yeux fermés, aveuglement même des plus pertinents puisqu’ils laissent faire, et se contentent de jouer les Cassandre… les yeux fermés pour tous, mais un Tartuffe avec un regard de rapace, écarquillé, seule conscience calculatrice éveillée, à l’affut, prédatrice. L’ensemble est époustouflant, porté par le rythme de l’alexandrin, le souffle tempétueux d’une mécanique tout aussi implacable que l’est l’imposteur. Nul besoin de décor, une table suffit, nul besoin de costume, les apprêts et les beautés se trouvent dans les vers, leur puissance, magnifiée par l’irrésistible élan que leur apporte Guillaume Bailliart dans cette démonstration de pur théâtre où jamais l’acteur ne joue de numéro cabotin, mais est littéralement l’incarnation d’un texte. Un grand merci aux ATP et au théâtre des Ateliers pour un choix aussi pertinent qu’exceptionnel !

MARYVONNE COLOMBANI
Janvier 2015

Ce spectacle des ATP a été vu le 14 janvier, au théâtre des Ateliers, Aix en Provence

Photographie copyright : Mathilde Delahaye

 

Théâtre des Ateliers