presque Tout l’Univers
Création 2013 : presque Tout l’Univers
de Christian Carrignon, adaptation et mise en scène d’Alain Simon
assistant mise en scène Gilles Jolly – dispositif scénique Jacques Brossier, lumières Syméon Fieulaine, régie Nicolas Rochette
avec Christian Carrignon et Alain Simon.
Cette création fait suite à la Veille théâtrale de novembre 2012, lecture de l’intégrale du texte de Christian Carrignon par les deux comédiens.
Les rails venaient mourir sur le tampon du bout du monde. Nous étions la dernière banlieue avant la campagne avant Bonneuil en France. Les mornes plaines betteravières. Même le 149 n’allait pas plus loin. Nous étions au terminus du bus et du train, au bord des terres habitées : rejetés sur les bords du cercle dont le centre était Paris, ligne scintillante devant laquelle je méditais fenêtre ouverte les nuits d’été. Christian Carrignon
J’ai rencontré Christian Carrignon lors d’un stage qu’il animait. Je subodorais déjà que l’utilisation de l’objet dans ce théâtre n’était pas son simple détournement et que son utilisation anthropomorphique n’avait pas pour but de transformer une basket en personnage ! Dans ce stage, je découvrais Christian Carrignon, son univers mais surtout grâce à ce guide, le pays du théâtre d’objets dont je ne connaissais ni la géographie ni la langue. Après le travail avec Alain Raynaud qui donna le spectacle Voyage sur place, je me rappelai un troc entre Christian Carrignon et moi. Je lui avais donné à lire un de mes textes intitulé Le lit et en retour il m’avait donné son manuscrit Presque tout l’univers. C’était le récit de son enfance dans une cité proche du Bourget, à Dugny.
La différence d’écriture et la convergence du propos – les deux textes, celui d’Alain et celui de Christian évoquant tous les deux une enfance dans un milieu populaire – me donnèrent envie d’expérimenter le dispositif qui avait été si convainquant avec Alain Reynaud : l’auteur qui dit son texte et l’acteur qui dit le texte de l’autre en se l’appropriant. La pudeur de l’auteur à être lui-même et l’enthousiasme de l’acteur à se prendre pour l’autre donnaient un mélange étonnant, porteur de « distanciation », effet d’étrangeté comme aurait dit Brecht, avec une jubilation communiquée au public (nous l’avons vérifié en jouant Voyage sur place partout, depuis les bistrots de l’Ardèche profonde jusqu’aux Scènes nationales).
Le titre de ce spectacle est inspiré de l’encyclopédie pour la jeunesse Tout l’univers. Séduisante par ses couleurs et ses illustrations, elle rendait le monde à la fois dense et accessible à la connaissance. Dans Presque tout l’univers, nous sommes dans l’inventaire, la liste, on sent l’admiration pour Georges Perec, je la partage ! En même temps, le récit donne l’impression d’une mémoire que l’on pourrait presque qualifier de fictionnelle, tant l’écart entre le monde de l’enfance de l’auteur et le monde d’aujourd’hui semble important. Cette accélération temporelle et le mode d’écriture donnent une vision à la fois étrange et drôle de cette cité ouvrière… Alain Simon
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