Séminaire Alain Reynaud
Mardi 10 mai 2011 à 21 h :
présentation de fin de séminaire des travaux sur le clown sous la direction d’Alain Reynaud,
clown de la Compagnie des Nouveaux Nez, directeur artistique de la Cascade – Maison des Arts du Clown et du Cirque, Pôle National et du Nouveau Festival d’Alba la Romaine (Ardèche).
Avec
Maëlle Charpin, Anna Chyra, Anna Fagot, Déborah Maurin, Maëlle Micheau, Étienne Michel et Rachel Verdonck.
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Témoignages d’élèves
3 jours et laisser tomber les armures, les boucliers ; comme ça, ça va?
– Euh… Et c’est là que le clown commence à balbutier ? ! Merci. Anna Fagot
Un bel artiste, une belle rencontre, un beau travail.
Merci aux Alain. César (mon clown)/ Étienne Michel
Faire énorme puis se contenir. Retrouver le plaisir de commettre totalement puis de considérer chaque action nouvelle sur scène comme aggravante ; s’échapper d’un acte posé devient impossible… J’ai beaucoup, beaucoup sué d’avoir commis puis contenu le plus possible. L’échange avec monsieur Loyal : de beaux moments, souvenirs scéniques gravés. J’avais peur de ce clown, certainement le stage que je redoutais le plus de l’année… hum.. “OH YEAH” ! Merci. Rachel Verdonck
travail de Déborah, l’araignée…
“Clown ? C’est : ” être ce qu’il faut là où il ne faut pas et ce qu’il ne faut pas là où il faut, parce qu’il arrive toujours quelque chose d’amusant”. ( A. W. ) Clown, c’est aussi la sincérité, l’honnêteté, les larmes, le rire et un énorme travail sur soi-même. Donc, il n’y a pas de secrets, travaille dur ou rentre chez ta mère!!! Merci !!! » Anya Chyra“
création d’une pièce de Jon Fosse
vendredi 10, samedi 11, mercredi 15, jeudi 16, vendredi 17 et samedi 18 juin à 21 h. dimanche 12 à 18 h,
Jon Fosse au Théâtre des Ateliers : Dødsvariasjonar – Variations sur la mort*
En juillet 2010, Jon Fosse a accepté d’être l’auteur associé à la promotion 2010-2011 de « La compagnie d’entraînement », formation professionnelle au métier de comédien en compagnie du Théâtre des Ateliers, de venir rencontrer les élèves et travailler en séminaire avec eux. Le 31 mars les élèves comédiens ont présenté en sa présence leurs travaux de recherche et d’expérimentation sur ses textes. La séance s’est poursuivie par une rencontre avec Jon Fosse qui a répondu aux nombreuses questions du public sur son œuvre, sa vision du monde et des êtres.
Après un séminaire avec lui, les élèves comédiens ont décidé de mettre en scène en juin pour huit représentations Variations sur la mort, sous la direction artistique d‘Alain Simon. Après la création Lecture Plus jeune public Les sept Siméon en avril, ce spectacle est l’aboutissement d’une année de travail intense, ponctuée de présentations publiques de travaux de recherche et d’expérimentation, de présentations de fin de séminaire, de rencontres avec des auteurs, des comédiens, des metteurs en scène, des chorégraphes, en partenariat avec la Chartreuse de Villeneuve, les ATP, le Ballet Preljocaj.
* Traduit du norvégien par Terje Sinding – L’Arche éditeur
Direction artistique et pédagogique : Alain Simon.
avec Ania Chyra, Maëlle Charpin, Anna Fagot, Deborah Maurin, Maëlle Micheau, Étienne Michel et Rachel Verdonck.
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
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Rencontre avec Michel Beretti
Mardi 12 avril à 18h30 Atelier Public – rencontre avec un auteur
Michel BERETTI
en résidence au CNES de la Chartreuse de Villeneuve lès Avignon
Franco-suisse, auteur de plus d’une centaine de pièces, adaptations ou livrets d’opéra, Michel Beretti a reçu une bourse du Théâtre Tumulte de Neuchâtel, coproducteur du spectacle, pour écrire à la Chartreuse Les Yeux de Nersès, Nersesi atchkere, en arménien, Nerses’in Gözleri, en turc … Ce texte est la suite d’une pièce ancienne, Nersès, qui raconte comment le petit Nersès Boyadjian survécut à la Grande Catastrophe. Nersès, qui vit toujours dans une maison de retraite près de Genève, n’a jamais vu l’Arménie ; je serai donc « les yeux de Nersès ». Les Yeux de Nersès, qui réunira une compagnie turque et le Hamazgayin d’Erevan dirigés par Serge Avédikian, est un théâtre de frontière : borner les différends, arpenter les voies de réconciliation possibles, car la négation épuise aussi bien les descendants des victimes que de ceux qui commirent ce crime ou le laissèrent commettre, arc-boutés sur leur négation. La pièce se passe à la frontière géorgienne, puisque la frontière arméno-turque est fermée, aujourd’hui lieu de tous les trafics et de toutes les rencontres, en attendant le dégel… in La Lettre de la Chartreuse.
De 14h à 17h30, “La compagnie d’entraînement a travaillé avec Michel Beretti sur ses textes.
Au début de l’Atelier Public, les élèves comédiens de “La compagnie d’entraînement” ont présenté 8 minutes d’une mise en scène de La neige n’a pas de racines.
Les sept Siméon
Première création de la compagnie d’entraînement promotion Jon Fosse : le quatrième spectacle Lecture Plus jeune public de la saison : Les sept Siméon
Les sept Siméon
C’est l’histoire de septuplés nés dans une famille de paysans russes. De passage dans leur village et fasciné par leurs dons étonnants, le tsar les invite à la cour et leur confie la mission de rechercher et conquérir la princesse dont il est follement amoureux. De ce fabuleux et périlleux voyage, reviendront-ils vainqueurs ?
Les écritures scéniques
Jeudi 3 mars à 19 h : Présentation des travaux de recherche sur les écritures scéniques
Cette présentation de travaux est sous la responsabilité des élèves de « La compagnie d’entraînement »: en considérant le plateau comme la toile du peintre ou comme la page blanche de l’écrivain les élèves comédiens proposent des séquences où ils abordent en même temps espace, textes, sons, déplacements…en faisant l’expérience d’être écrivain scénique.
1 – Anna Fagot : « Poulètik », avec Antoine Baptiste Cohen, Maëlle Micheau, Rachel Verdonck, Maëlle Charpin, Anya Chyra, et Etienne Michel.
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2 – Antoine Baptiste Cohen : « Deuxième degrés », de la tête au plateau, avec Rachel Verdonck, Ania Chyra, Etienne Michel, et Antoine-Baptiste Cohen.
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3 – Maëlle Micheau « Cirque qu’on fait rance », avec Anna Fagot, Antoine Baptiste Cohen, Rachel Verdonck, Etienne Michel, Deborah Maurin et Maëlle Charpin.
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4 – Rachel Verdonck : Les matricules, avec Maëlle Charpin, Antoine-Baptiste Cohen ; Anna Fagot, Deborah Maurin et Maëlle Micheau. Voix off et monologue : extrait du verdict du plomb de Michael Connelly. La présentatrice/ La main : Duna Chyrx.
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5 – Anya Chyra : « à B. 1949-2011 », avec Etienne Michel, Antoine Baptiste Cohen, Deborah Maurin et Rachel Verdonck.
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6 – Etienne Michel : « POP # 3 », avec Antoine Baptiste Cohen, Rachel Verdonck, Anya Chyra, Anna Fagot, Maëlle Charpin, Maëlle Micheau, Etienne Michel.
Costumes écritures scéniques :
Il s’agissait de partir de la problématique “le Théâtre de demain”.
Ainsi, ce “défilé” s’insère dans un triptyque et s’emploie à illustrer ce qui apparait comme le premier élément de réponse : l’ esthétique. (Le fond et le symbole étant développés dans les deux tableaux suivants).
Il s’agissait de créer un “jeu d’échec”, les actrices étant les figurines, les acteurs mis au rang des adversaires.
C’est pourquoi, ce “défilé” se compose de deux reines en avant scène, de deux cavaliers en milieu (qui seront repris lors du second tableau), puis de deux fous en fond.
Enfin, le troisième tableau se trouve relié au premier par la robe de mariée portée par Rachel Verdonck.
Les créations ici exposées présentent toutefois des faiblesses à la lecture de la thèse de R.Barthes sur le costume de théâtre, dans la mesure où ils peuvent à certains égards manquer de clarté (notamment dans l’illustration de l’échiquier) et dans celle où l’équilibre entre le visuel fort et la soutenance du propos aurait pu être mieux travaillé.
Merci de m’avoir permis de créer. E. M.
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7 – Deborah Maurin : « A Speech Ballon », avec Ania Chyra. Manipulation d’objet : Maëlle Charpin.
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8 – Maëlle Charpin : « Interstices », avec Anya Chyra, Deborah Maurin, Antoine Baptiste Cohen, Rachel Verdonck, et Maëlle Micheau.
présentation de travaux sur Jon Fosse
Jeudi 31 mars 2011 à 19 h :
Présentation par « La compagnie d’entraînement » des travaux de recherche et d’expérimentation sur l’œuvre de Jon Fosse en sa présence.
La présentation a été suivie d’une rencontre débat avec l’auteur.
Le 1er avril, les élèves comédiens ont travaillé en séminaire avec Jon Fosse.
Témoignages d’élèves
Délicatesse. Humilité. Et finesse. Il a beau se faire discret, l’envergure de l’artiste n’en est pas moins remarquable. Pas de surprise, l’écriture de Jon Fosse transpire son auteur. Une belle rencontre, avec un bel écrivain. Je reste comblée d’avoir pu communiquer son écriture, sur scène. Rachel Verdonck
Ce qui reste ce sont les objets, les souvenirs et le silence. Les personnages de Jon Fosse essayent de le comprendre, mais le compréhensible devient incompréhensible, le visible devient l’invisible, le blanc devient le noir et on finit par en rire, tellement c’est triste.
Et c’est ça qui est le plus passionant, ce qui est impossible à définir, ce qui est mysterieux.
Pendant la rencontre avec Jon Fosse, j’avais l’impréssion qu’une nouvelle fenêtre s’ouvrait. Comment ne pas être émue. Un grand merci. Ania Chyra
Un homme brillant, extrêmement disponible. Laconique mais incroyablement complet dans sa vision des choses malgré le peu qu’il en dispense.
Il ressort de cette rencontre, privilégiée par la chance offerte d’être l’interface entre lui et la troupe, une grande admiration pour cet homme gestionnaire : capable de transformer son associabilité en écoute et en partage ; son mal-être en création.
Merci au Théâtre et à Jon. Étienne Michel
Présentation des travaux sur l’oeuvre de Jon Fosse
Les élèves de “La compagnie d’entraînement” ont présenté en janvier les travaux effectués en séminaire avec Jean-Pierre Ryngaert sur une mise en scène du Nom de Jon Fosse, auteur associé à leur promotion. Ils poursuivent leur exploration de l’oeuvre de cet auteur norvégien mondialement connu, et présenteront leurs travaux de recherche en présence de l’auteur qui les fera travailler le lendemain. A la suite de cette rencontre, les élèves choisiront la pièce de Jon Fosse qu’ils joueront en juin pour 8 représentations. Entrée libre
Né en 1959 près de Bergen Jon Fosse est le plus grand poète dramatique norvégien d’aujourd’hui, et l’un des plus grands européens. D’abord romancier et poète, il écrit sa première pièce en 1994, puis, en 1996, Quelqu’un va venir et le roman Mélancholia 1, mis en scène par Claude Régy et qui le révèlent en France. Depuis, avec une fascination pour l’écriture théâtrale, il a écrit près d’une trentaine de pièces dont 23 ont été traduites en français. Après Claude Régy, Jacques Lassale, Christian Colin, Denis Marleau et bien d’autres ont concouru à faire connaître L’Enfant, Le Fils, Et la nuit chante, Un jour en été, Dors mon petit enfant, Visites, Variations sur la mort… Après avoir reçu le prix Ibsen en 1996, Jon Fosse reçoit en 2000 le prix Nestroy et le prix du théâtre du Conseil Nordique. Il a été fait chevalier de l’Ordre national du Mérite en 2007.
“Jon Fosse est sans nul doute un auteur mélancolique, mais de cette mélancolie qui, paradoxalement, aide à tenir debout. La simplicité de son écriture touche par son extrême sensibilité ; aucune tristesse larmoyante, aucun pathos lourd et pompeux… juste la vie, ni plus ni moins. Comme chez Tchékhov, chez Duras, tout est dans le silence, le regard, le rien. On est d’ailleurs parfois chez lui, plus proche de la poésie que du théâtre ; aucun effet scénique, aucune répartie hardie et efficace… On a peu de chance de se lever pour applaudir debout à la fin… et c’est tant mieux. Jon Fosse ôte tous les artifices éculés du théâtre pour ne laisser que le plus difficile : la simplicité ; il fait partie de ces auteurs tant attendus qui débarrassent enfin le plancher poussiéreux de nos tréteaux de tout ce lourd fatras bavard et prétentieux. Chez lui les phrases sont brisées avant que le sens n’ait eu le temps de faire son travail. Il nous laisse souvent dans l’interrompu, le suspendu, l’hésitation… à nous de terminer ou pas, de continuer ou de décrocher ; il renonce à trop en dire, pudeur et élégance qui font de lui un auteur simple et immense par son questionnement.
Jon Fosse est un « ôteur de théâtre ». Francis Azéma
séminaire au Pavillon Noir avec Guillaume Siard
Après avoir vu des premiers spectacles de la programmation (Empty moves, Last Meadow) et participé à une rencontre avec les artistes (Miguel Gutierrez et son collectif), les 8 étudiants engagés dans la Compagnie d’entraînement du Théâtre des Ateliers, qui vise à les former à la profession d’interprète, ont vécu un temps fort au Ballet Preljocaj autour de la dernière création d’Angelin Preljocaj, Suivront mille ans de calme. Sous la direction de Guillaume Siard, ils ont ensuite travaillé pendant deux jours et montré leur travail au cours d’une séance publique le jeudi 10 février à 17h30.
Ce qu’en pensent les élèves :
Par où commencer ?
Poursuite de l’approche du corps entreprise au cours de mes formations antérieures ainsi qu’au cours du stage avec J.M Broucaret (verticalité, disponibilité, ouverture)découverte ou (re)découverte du langage corporel induis pas le mouvement et par appréhension d’un volume et d’un espace.
Il semble que ce genre de partenariat doive être poursuivit absolument.
Techniquement, bien que la période d’apprentissage eut été légèrement brève, beaucoup d’apports sur le regard du comédien sur son corps, sur celui de l’autre, sur le contact au corps et ses rendus visuels.
Enrichissant, notamment grâce à la chorégraphie : comment habiter un espace sonore et un volume sans le verbe.
Beaucoup de plaisir concernant l’effort physique, la discipline et la rigueur.
Il y a un pont artistique, et technique entre le théâtre et la danse contemporaine, le traverser est à chaque fois source de jubilation.
Merci pour cette opportunité. Etienne Michel
En tant qu’acteur comment saisir d’où vient un mouvement, réaliser un déplacement juste?
Et surtout lors de la présentation publique de fin de stage: éprouver la difficulté d’être vu en difficulté dans son corps: comment accepter de donner à voir ce que l’on n’arrive pas à faire? De quoi mettre à l’épreuve notre générosité d’acteur en formation !? Anna Fagot
La rencontre avec Guillaume au Pavillon Noir permettait de prendre conscience de son corps, de le mettre en mouvement, il devait aller chercher une posture animale et rentrer en contact avec le groupe sous forme de piqure tel un insecte viendrait piquer.
A la suite de quelques exercices nous avons très vite appris à construire une phrase. Nous avons aussi pu essayer de danser en manipulant un objet, en l’occurrence un bottin.
Le travail avec Guillaume était chouette : apprendre à trouver une stabilité, trouver comment l’on peut créer des mouvements avec très peu de directives. “Sentir”, le contact …La posture pour pouvoir repartir du bon pied sur le bon impact !
Encore Bravo. Déborah Maurin
Séminaire Jean-Pierre Ryngaert
– mardi 1er février à 21 h :
« La compagnie d’entraînement », promotion Jon Fosse, présente ses travaux de séminaire sur une mise en scène de Le nom de Jon Fosse, sous la direction de Jean-Pierre Ryngaert.
Avec Antoine Baptiste Cohen, Maëlle Charpin, Anya Chyra, Anna Fagot, Deborah Maurin, Maëlle Micheau, Etienne Michel et Rachel Verdonck
Professeur à Paris III- Sorbonne Nouvelle, Jean-Pierre Ryngaert a enseigné également à l’Université de Montréal et à celles de Carlton (Canada) et de San Diego (Californie). Il a publié, entre autres ouvrages, Le jeu dramatique, Lire le théâtre contemporain, et en 2006, Le personnage théâtral contemporain. Il intervient dans la formation de “La compagnie d’entraînement” depuis 1999 par un séminaire de 4 jours à la fin duquel les élèves présentent une mise en scène d’une œuvre de l’auteur associé à leur promotion.
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Jean-Pierre Ryngaert nous a adressé ses notes de travail à l’attention des élèves comédiens après le séminaire
Note dramaturgique en vue du travail scénographique : Le Nom de Jon Fosse par J.P. Ryngaert.
Nommer le bébé à venir est sans doute le problème à résoudre dans ce texte, comme le souligne le titre. Cette occupation, jamais très simple, est d’autant moins anecdotique que personne ne semble vouloir vraiment assumer la filiation. Du coup, tout vient avec le nom : les parents, les grands parents, le lieu…Il est nécessaire de dépasser l’anecdote qui se résumerait à répondre à la question : qui est le père ? Le Garçon, désigné comme tel mais lui-même jamais nommé et plus ou moins dépourvu de parents, ou Bjorn ?
Nommer l’enfant à venir revient à le faire exister, à lui prévoir une vie, un espace. C’est acquiescer à son existence, ce qui semble difficile dans le texte pour tous les personnages. Cet enfant est littéralement invraisemblable pour tout le monde, mais pour des raisons différentes. Personne ne s’y attendait, ses parents présumés n’ont pas l’âge, ses grands parents d’autres préoccupations, et d’ailleurs qui aimerait faire un enfant avec Beate ? Même pas sa jeune sœur ! Alors lui trouver, lui imaginer, lui rêver un espace !
Il me semble nécessaire dans le cas de ce texte, de fonder le point de vue dramaturgique
sur une constatation spatiale. Aucun des personnages, pourtant rassemblés dans le même logis familial, ne souhaite vraiment y être (pas plus, dans le fond, que le bébé). Certains, comme Beate, l’expriment verbalement : « Je ne veux pas rester ici ». D’autres ne le disent pas mais passent leur temps à être ailleurs, soit en sortant de l’espace commun (ils vont se coucher ou se reposer un moment ou faire je ne sais quoi), soit en sortant radicalement du logis (pour aller à la boutique, ou chez Bjarne ou…). Cette constatation serait banale si elle n’entrait pas en contradiction avec la parole, qui la plupart du temps manifeste une acceptation, un acquiescement général. Le dialogue comprend un nombre considérable de « Oui » ou de « Eh oui » qui reviennent en leitmotiv, bien que l’on ne sache pas toujours à quoi s’appliquent ces approbations ou ces pseudo-consensus. Il est nécessaire de creuser cette piste des contradictions entre être là et ne pas être là, refuser d’être là ou l’accepter ou en tout cas l’entériner.
Beate ne veut pas être là mais elle est pourtant venue et elle s’attend à ce que le Garçon la rejoigne. Celui-ci est venu sans enthousiasme apparent (il ne souhaitait d’ailleurs pas faire d’enfant avec La Fille, dit-il) et il trouve difficilement une place. Son activité de lecture le fait régulièrement sortir (au moins mentalement) de l’espace de la famille. Le père ne rentre du travail que pour manger et se coucher, et éviter autant que faire se peut tout nouveau conflit. La mère et la sœur cherchent des « divertissements » à l’extérieur. Les espaces extérieurs sont désignés : la boutique (où l’on peut parler et où on en raconte de bonnes) ; la colline face à la vaste mer où l’on peut marcher mais où l’on risque de perdre l’équilibre à cause du vent ; chez Bjarne où les jeunes gens n’iront pas ensemble, bien qu’on y fasse beaucoup la fête ; le lieu de travail du père, dont on ne sait rien sinon qu’on s’y fatigue… ; le kiosque pour manger une bouchée ou boire quelque chose.
Ces personnages sont tenus à se croiser ou à échanger dans le même espace, le « foyer » mais personne ne tient donc à y rester ni même vraiment à y vivre.
Ces constatations ne m’entraînent pas du côté d’un appartement ou d’une maison réaliste ou misérabiliste ou datée ou d’un canapé relevant de tel ou tel style, mais plutôt d’un espace aussi métaphorique et aussi abstrait que l’est l’écriture de Fosse. Un espace où personne ne veut vraiment venir ni demeurer, mais un espace accepté consensuellement parce qu’il n’y a pas d’autre choix. Pour la fille, l’espace d’une régression, il s’agit bien d’un retour dans un endroit qu’elle a quitté, avec, en apparence, peu d’envie d’y revenir. Pour le Garçon, un espace aussi improbable que le lieu d’arrivée d’un aérolithe.
Si c’était une comédie, il s’agirait d’une comédie familiale (Papa, il faut nommer le bébé !)
Si c’était un drame, un conflit éclaterait avec Bjarne.
Si c’était un mélodrame, elle ferait une fausse couche. (plus besoin de nom !)
Si c’était une tragédie, ce serait l’histoire de vies où l’on dit OUI toujours, même quand on pense non.
C’est un théâtre de la parole et du ressassement, et il faut un espace qui lui corresponde. Un espace couloir, un espace courant d’air, un espace où l’on entre en cherchant déjà la sortie, un espace où l’on entre à reculons et d’où l’on sort en courant.
J.P.R. 7 Février 2011