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Articles de la catégorie ‘Veille théâtrale 2015’

31
Août

Veille Théâtrale Henning Mankell

invit mankell FdLLes Chaussures italiennes d’Henning Mankell

Lecture intégrale dans le cadre de la Fête du Livre

Samedi 10 Octobre à partir de 20h30

Avec Agathe Rouiller  et Alain Simon

 

Sans doute son expérience d’auteur de romans policiers avec les enquêtes du renommé commissaire Kurt Wallander a-t-elle donné à Henning Mankell ce formidable talent de créer le suspense et son texte  Les chaussures italiennes  n’en est pas exempt. Ce savoir-faire donne une telle force à ce récit qu’il est difficile de poser le livre sans le lire d’une traite. Aussi nous recommandons à ceux qui voudraient assister à cette lecture de venir dès son début.

L’histoire se passe dans une île de la Baltique où, avec  pour seule compagnie un chien et un chat, Fredrik Wellin vit reclus depuis une décennie avec comme unique visiteur celle du facteur de l’archipel. Mais un jour…

A cause de notre tropisme méditerranéen, les paysages de la Baltique, nous semblent ici encore plus exotiques que le Sahara. Ce sont aussi les paysages mentaux de pays enfouis que ce texte réactive et nous restitue comme un patrimoine familier.

Avec  Agathe Rouillier nous avons lu  ensemble l’intégrale de En Crabe   au cours de la Fête du Livre consacrée à Günter Grass. Je suis heureux de la retrouver pour cette lecture des Chaussures italiennes à l’occasion de cette 32e Fête du Livre consacrée à Henning Mankell. En proposant depuis plusieurs années ces lectures au Théâtre des Ateliers, nous ne voulons pas nous éloigner de l’épicentre chaleureux de l’amphithéâtre de la Verrière au moment de la Fête du Livre, mais affirmer combien l’existence de la littérature et de ses auteurs est importante pour un théâtre implanté comme le nôtre. Et par cette lecture à haute voix, nous ne concurrençons pas l’irremplaçable tête-à-tête du livre avec son lecteur, mais par ce partage dans l’espace public du théâtre, nous tentons de nous adresser à d’autres dimensions de la sensibilité du spectateur. Alain Simon

 Entrée libre , les portes du théâtre resteront ouvertes pour permettre à chacun d ‘assister à la veille selon ses disponibilités, des pauses café seront aménagées pour permettre au public de se désaltérer .

Agathe Rouillier

Agathe Rouillier

Alain Simon

Théatrorama

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À l’ombre du Polar, la neige… Si le grand écrivain suédois Henning Mankell nous avait habitué aux polars hantés par son héros solitaire Kurt Wallander, il nous entraîne cette fois dans un périple glacé, dans lequel « Les êtres sont rarement ce qu’on croit qu’ils sont. »

Nous sommes dans un archipel de la mer Baltique, peuplé d’une dizaine de vieux solitaires, chacun reclus sur son îlot. Seul le facteur Jansson fait le lien entre notre héros, Fredrik Wellin, et le reste du monde. Ce dernier garde secret dans son passé de chirurgien la raison de sa solitude forcée. Jusqu’au jour où ce petit morceau de terre glacé et enneigé est perturbé par l’arrivée d’Harriet, abandonnée trente-sept ans plus tôt par Fredrik et atteinte d’une maladie mortelle. Commence alors le long dégel de la forteresse que c’est construit notre héros.

La Traversée des Archipels
Ce long voyage forgé par Henning Mankell, Roi du polar nordique, nous ne le verrons jamais si ce n’est dans la bouche des deux acteurs. Agathe Rouiller et Alain Simon nous font face. Devant eux, deux longues tables blanches et deux livres posés dessus. Derrière eux, sur le mur de fond noir et usé, deux mots écrit à la craie : la neige. Parfois, quelques variations de lumière modifieront la physionomie du plancher couturé et des murs. Et voilà tout pour l’espace. Cette seizième veillée théâtrale organisée par Alain Simon au Théâtre des Ateliers propose la lecture intégrale d’un livre, ici Les Chaussures italiennes d’Henning Mankell, qui nous tiendra éveillé toute la nuit.

C’est Agathe Bouiller qui prend la parole, sans prévenir, et sans nous attendre. Saisis, nous nous asseyons, nous taisons et écoutons. Les deux lecteurs se partagent vivement la parole en échangeant des regards complices ou attentifs, puis se réunissent sur un dialogue, avant de reprendre leur chemin individuel dans le texte. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un des fameux polars d’Henning Mankell, le suspense est réel et un humour bourru et tendre affleure par endroits. Si le roman policier et le meurtre sont, selon les dires de l’auteur, l’occasion d’ausculter intimement l’âme humaine, nous suivons au plus près dans ce roman plus classique, les pensées parfois contradictoires du héros. Nous sommes littéralement dans son esprit, sans hauteur ni jugement. C’est avec son regard que nous découvrons le monde extérieur qui fait intrusion dans son refuge solitaire. Le spectateur est invité par cette lecture complète du livre à travailler une patience du texte, une endurance. La fatigue le traverse comme elle traverse le corps des acteurs, qui tiennent pourtant bon, avec vivacité et attention. Quelques pauses, signalées par une musique incongrue diffusée par un petit dictaphone posé sur la table, nous permettent de reprendre des forces autour d’un gâteau et d’un café bienfaisant.

Les insomniaques se souviennent bien de cette voix réconfortante de la radio qui, entre somnolence et veille, nous porte jusqu’au petit matin. Mais ici, nous ne sommes pas seuls et la voix à un visage, deux visages. Comme le héros d’Henning Mankell lutte contre la solitude en creusant tous les jours à la hache un trou dans la glace pour se plonger dans l’eau glacée, nous plongeons dans la salle noire du Théâtre des Ateliers pour mettre en commun l’exercice solitaire de la lecture, qui devient alors un voyage imaginaire partagé. Et, selon les mots d’Alain Simon, « Comme pour Shéhérazade, la parole tout le temps que dure la nuit repousse la tragique échéance. L’acteur est un veilleur dans la cité. Même ceux qui ne vont pas au théâtre sont concernés par le fait qu’il est un lieu du jeu où des textes sont dits à haute voix, la haute voix du théâtre qui rend la chose dite incontournable ». Et peut-être connaître le sentiment intime de l’absence de l’auteur qui aurait dû être avec nous à Aix-en-Provence pour le festival qui lui était consacré, si son décès ne l’avait enfoui, le 5 octobre dernier, définitivement dans la glace. Au revoir, Henning Mankell et merci.

Les Chaussures italiennes
De Henning Mankell
Avec Agathe Rouiller et Alain Simon
Mise en scène : Alain SimonVu au Théâtre des Ateliers / Aix-en-Provence
Pour connaître les dates de tournée : le site de la Compagnie