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Articles de la catégorie ‘Veilles théâtrales 2013-2014’

9
Déc

Veille Théâtrale : cent ans de solitude

Veille Théâtrale : Cent ans de solitude

de Gabriel Garcia- Marquez

avec Jean-Marie Broucaret et Alain Simon


Il n’y avait dans le cœur d’un Buendia nul mystère qu’elle ne put pénétrer, dans la mesure où un siècle de cartes et d’expériences lui avait appris que l’histoire n’était qu’un engrenage d’inévitables répétitions, une roue tournante qui aurait continué à faire des tours jusqu’à l’éternité, n’eut été l’usure progressive de son axe.

La lecture de ce texte est bien dans l’esprit des Veilles théâtrales telles que nous les avons voulues : à la fois visite d’une œuvre universelle, (comme on découvre un pays dont on nous a beaucoup parlé et que se mélangent alors sa réputation et la rencontre concrète avec lui.) et champ de la parole limite avec l’excès, la longueur, l’usure, l’exhaustivité, et en définitive la performance partagée des lecteurs et des spectateurs.

Pour préparer cette lecture, qui sera également donnée au Festival de Bayonne, nous sommes allés à San Sébastien en Espagne à l’hôtel des Bahia où pendant trois jours nous avons lu et découpé ce récit qui, comme le dit Albert Bensoussan dans sa préface, est une prophétie qui se révèle progressivement, une parole épico-lyrique, parodique et grandiose, excessive et fleurie, à la fois hyperbolique et simple, charmante et fascinante et parfois terrifiante… Alain Simon

Gabriel Garcia Marquez donne très rarement l’autorisation de représenter sous forme de lecture ce chef d’œuvre de la littérature mondiale. Pourtant, cette année le Théâtre des Chimères de Bayonne et Théâtre des Ateliers ont obtenu l’autorisation exceptionnelle d’en effectuer la lecture intégrale. Elle a eu lieu une première fois – en deux parties – en octobre dernier lors du festival des Translatines de Bayonne et sera donnée ce samedi 7 décembre au Théâtre des Ateliers, à Aix-en-Provence, dans son intégralité.

Cette lecture durera 18 heures avec des interruptions toutes les heures et demie, soit tous les deux chapitres du livres ! Pour les spectateurs qui entreprendront cette aventure avec les deux lecteurs Jean-Marie Broucaret et Alain Simon, c’est une expérience unique, au sens de qui n’a jamais été fait mais aussi dans le sens de mémorable. Les spectateurs pourront se restaurer à chaque pause grâce aux boissons et collations qui seront servies par l’équipe des Ateliers.

Nous sommes heureux de proposer au public cette treizième Veille Théâtrale, rappelons que la lecture de L’Odyssée organisée dans le cadre de Marseille-Provence 2013 – Capitale européenne de la culture par le Théâtre des Ateliers et la Cité du Livre avait, elle, duré plus de 14 heures; Jean-Marie Broucaret et Alain Simon y étaient accompagnés par plus de 110 lecteurs. Cette fois, ils seront seuls pour lire Cent ans de Solitude mais, ils l’espèrent, avec un public complice pour partager cette immersion inédite dans le réalisme magique du chef d’œuvre de Gabriel Garcia Marquez.

Coproduction Théâtre des Ateliers d’Aix et Festival Les Translatines de Bayonne.

– à Bayonne au Théâtre des Chimères dans le cadre du Festival des Translatines  les samedi 5 et 12 octobre

– au Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence samedi 7 décembre à partir de 15h.

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Alain Simon et Jean-Marie Broucaret

 

 

 

 


Cent ans de solitude : fin d’un chapitre

passage de relai


20
Oct

Lecture de “Au coeur du coeur d’un autre pays”

Dans le cadre de la Fête du Livre et en partenariat avec Les Écritures Croisées

… Je fais partie de ces gens qui font toujours ce que quelqu’un d’autre fait… mais quelques semaines avant. Un poisson dans les mers chaudes. Pas de maison comme abri… Mais un  lit de maison en maison et des vêtements froissés sur une seule étagère. Je cherche l’amour. E.A

La Fête du Livre n’est pas seulement un moment de faire ce que j’aime, lire à haute voix des textes littéraires, c’est surtout pour moi l’occasion irremplaçable de découvrir un auteur. Et c’est toujours un moment intimidant  quand Annie Terrier en me  tendant un ou deux livres me  dit avec l’autorité de l’enthousiasme : lis ça ! La grande aventure de la  Fête du Livre organisée par les Écritures Croisées est qu’elle concerne  aussi les  artistes qui y participent. Je ne connaissais pas l’œuvre d’Etel Adnan, et la rencontre avec ses mots m’a été immédiatement familière.
En proposant depuis plusieurs années ces lectures au Théâtre des Ateliers, nous ne voulons pas nous éloigner de l’épicentre chaleureux de l’amphithéâtre de la Verrière au moment de la Fête du Livre, mais affirmer combien l’existence de la littérature et de ses auteurs est importante pour un théâtre implanté comme le nôtre. Et en donnant aux mots ce champ de propagation aérien  par la lecture à haute voix, nous ne concurrençons pas l’irremplaçable tête à tête du livre avec son lecteur, mais tentons de nous adresser à d’autres dimensions de la sensibilité du spectateur avec le partage dans l’espace public du théâtre. Alain Simon

Au Théâtre des Ateliers à 20h

Emma Gustavsson et Alain Simon

Emma au tableau

 

Zibeline

Vu par Zibeline

Alain Simon poursuit ses lectures au Théâtre des Ateliers

L’art du lire et du dire

• 19 octobre 2013 •

Alain Simon poursuit ses lectures au Théâtre des Ateliers - Zibeline

Alain Simon au théâtre des Ateliers nous a familiarisés avec les lectures d’œuvres, nous permettant ainsi de redécouvrir ou de découvrir des textes, comme ce fut le cas pour la lecture de l’ouvrage d’Etel Adnan Au cœur du cœur d’un autre pays. En avant-propos, l’acteur et metteur en scène avait expliqué comment le texte de l’auteure invitée par les Écritures croisées, totalement inconnue (Annie Terrier a le secret des trouvailles exceptionnelles !), lui était apparu d’emblée familier, avec un rythme correspondant à une respiration. Alain Simon explique aussi avec humour «aujourd’hui, au théâtre on n’a plus le droit au pathos, on ne peut plus dire «je suis amoureux», avec un livre dans les mains, la distanciation nécessaire est là, et l’on peut lire à haute voix, «je suis amoureux», sans s’exposer !». Pour un théâtre qui défend la littérature avec force et persévérance, c’est aussi une reconnaissance que la participation annuelle à la Fête du livre. Alors que la lecture est avant tout un exercice solitaire, l’œuvre lue à haute voix est partagée, devient nôtre et collective à la fois. Alain Simon était accompagné dans cet exercice par Emma Gustavsson, ancienne danseuse de Preljocaj. Les voix se relaient, l’une écrit les têtes de chapitres sur le mur noir de fond, scandant l’œuvre dans ses aller et retours entre New York et Beyrouth. Le  dernier  chapitre, empreint d’urgence, avec le déclenchement de la deuxième guerre du Golfe, est livré en polyphonie, entre l’américain de la version originale et le français de la traduction. La lecture s’emporte, nous entraîne dans un tournoiement exacerbé. Plus tard, lorsque l’on relit, ou plutôt lorsque l’on va vers le texte en simple lecteur, on retrouve ce ton, cette voix que les deux acteurs ont si bien fait sentir. Bravo !

MARYVONNE COLOMBANI
Novembre 2013

Photo : Emma-Gustavssonn-et-Alain-Simon-c-X-D.R