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8 mai 2015

Days of nothing, spectacle ATP invité

par TechMac

DAYS OF NOTHING

  • Théâtre Aix Days of nothing

Lieu du spectacle: Théâtre des Ateliers29 Place Miollis, 13100 Aix-en-Provence

  • Lundi 20 avril – 19h00  – Lundi 20 avril – 21h00

De : Fabrice Melquiot   Mise en scène : Matthieu Roy 

Rémi Brossard, auteur : Philippe Canales
Maximilien, collégien : Charlotte van Bervesseles
Alix, collégienne : ​Charlotte van Bervesseles

PRODUCTION CIE DU VEILLEUR Coproduction Fédération des Associations de Théâtre Populaire (FATP)- Théâtre de Thouars – Scène conventionnée, ONDE – Théâtre et Centre dʼArtde Vélizy-Villacoublay, MA Scène Nationale du Pays de Montbéliard, Scènes du Jura -Scène Nationale de Lons-le-Saunier
En partenariat avec lʼIRCAM à Paris

Partenariat avec le Théâtre des AteliersThéâtre des Ateliers Aix-en-Provence

Days of nothing est la dernière pièce de Fabrice Melquiot, publiée en mars 2012.
Elle raconte lʼhistoire de Rémi Brossard, un auteur en résidence dʼécriture dans un collège de banlieue parisienne qui va faire la rencontre de deux « spécimens » de lʼétablissement : Maximilien et Alix.

Cette rencontre va bouleverser lʼauteur dans son projet dʼécriture et renvoyer chacun des
personnages à ses propres limites : difficulté à vivre dans le monde, à y trouver sa place, à faire acte.

Avec la poésie, lʼhumour et la pertinence qui sont les siennes, Fabrice Melquiot nous invite à une plongée vertigineuse dans les problématiques de lʼadolescence et du processus de création.
Les textes de Fabrice Melquiot sont traduits en plusieurs langues. En 2008, il a reçu le Prix Théâtre de l’Académie Française pour l’ensemble de son oeuvre.
Cet auteur majeur de la scène française nous offre lʼopportunité rare de réfléchir sur ces thématiques contemporaines essentielles de manière fine, sensible et intelligente.

Cette pièce à été choisie par la Fédération des ATP de France et désignée projet lauréat de première mise en scène d’un texte de théâtre francophone” pour la saison 2014/2015.
A ce titre elle sera programmée dans tous les ATP de France durant cette saison.

 Zibeline

Vu par Zibeline
| Mis en ligne le Vendredi 8 mai 2015 ·

Days of Nothing proposé par les ATP d’AIx au théâtre des Ateliers.

Étude sur le rien

• 20 avril 2015⇒21 avril 2015 •

Days of Nothing proposé par les ATP d'AIx au théâtre des Ateliers. - Zibeline

 Un écrivain en panne d’inspiration, Rémi Brossard, se retrouve en résidence d’artiste dans un collège. Ah ! Quelle belle pièce sur la nécessité du partage d’expérience, des vertus de la pédagogie par l’exemple… Point si manichéen, ni si didactique s’il vous plaît ! La situation des personnages dans un collège leur permet de se rencontrer, mais il n’y a pas de pièce « pédagogique » ici ! Même si on rit beaucoup lors de la rencontre entre la classe et l’auteur (un vivant et qui écrit des livres !), avec une superbe galerie de portraits, les questions convenues, les attentes, les redites, les remarques sottes ou vides, la superficialité, l’impossibilité de transmettre l’essence même du projet d’écriture… Car le sujet de la pièce reste le langage, ses codes, ses confrontations, qu’elles soient générationnelles ou de classe. Notre écrivain donc, est en résidence, une résidence dont le caractère inconfortable est souligné par une mise en scène (Matthieu Roy) qui fait de la salle de classe montée sur une estrade, un ring. C’est là que Rémi rencontre Maximilien qui joue les durs, manie les mots comme autant de lances, verve trop bien huilée, trop référencée, mine de rien, pour être vraiment honnête. Il s’avère que ce « rebelle » est un pilier du CDI, infatigable lecteur… mais il joue devant l’écrivain le rôle du mauvais garçon, provoquant à l’excès, revendiquant un langage où les mots les plus gros ou les plus triviaux fleurissent, code manié avec virtuosité qui, donné à l’adulte, crée l’illusion, et pousse la grande personne à déraper, oublier les conventions pour emprunter un vocabulaire et un ton qui l’abaissent. Maximilien reprend vertement Rémi, il n’a pas le droit de parler comme ça, de se servir des mots d’une jeunesse qu’il n’a plus, « vous devez montrer l’exemple » ! Pris dans les rets du jeune garçon, l’auteur se voit acculé aux questions les plus profondes, les plus précises, sur son esthétique, son inspiration, sur la relation entre l’écriture et le monde. Les attitudes sont passées au scalpel « tu pionçais comme une merde » se moque Maximilien devant lequel Rémi Brossard se voit obligé de se justifier : «  je rêvais. Les rêves sont une source d’écriture essentielle »… Certes, Desnos est passé par là, mais l’auteur devient funambule, et perd ses mots, s’agace, se réfugie dans le verbe de l’insulte facile… faillite adulte à laquelle répond la mort choisie de l’adolescent. Parfum de Cioran, mêlé à la chanson Days of nothing de Chokebore qui donne son nom à la pièce… Puis il y a Alix (Charlotte van Bersseles), qui brode, invente, se crée une histoire d’amour avec Maximilien, pousse l’écrivain à raconter ce qu’elle a vécu, donner par la réalité des mots une épaisseur à ce qui a été… triomphe de l’invention, du mensonge, propre au masque des mots. Alix ment, elle endosse l’histoire de la fille du proviseur, suicidée peu après celui qu’elle aimait, Maximilien. Un Roméo et Juliette ou peut-être rien… qu’est-ce qui donne un sens à la vie ? Les mots sont-ils dotés de cette force ? Ne sont-ils que des voiles plus ou moins opaques sous lesquels nous avançons ? Le texte de Fabrice Melquiot porté avec une belle intelligence par les deux comédiens, Philippe Canales et Charlotte van Bervesseles (convaincante dans les deux rôles d’adolescents) pose la question des limites avec humour, sensibilité, justesse. Est-ce que les mots nous rapprochent ou nous éloignent du réel ?

MARYVONNE COLOMBANI

Avril 2015

Days of Nothing vu au théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence, le 20 avril

Spectacle présenté par les ATP d’Aix.

Photo © JeanLouis Fernandez

 

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