Aller au contenu

29 mai 2013

Théâtre en Été 2013

par TechMac


Théâtre en Été 2013

Le Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence propose dans le cadre de « Théâtre en été » du dimanche 7 au mercredi 10 juillet 2013 un atelier public de sensibilisation aux propositions du théâtre contemporain du Festival d’Avignon

Dans sa volonté permanente d’associer les spectateurs à une réflexion sur le théâtre contemporain, le Théâtre des Ateliers propose du dimanche 7 au mercredi 10  juillet 2013 « Théâtre en été », atelier pratique et théorique dirigé par Alain Simon*, autour de spectacles choisis dans la programmation du Festival d’Avignon.

Le principe de cet atelier est de déterminer et d’expérimenter à partir de spectacles vus en commun, la place faite au texte sur le plateau, les codes de jeu, les filiations théâtrales, la singularité des artistes, les enjeux esthétiques et la conception du travail de l’acteur mobilisés à l’occasion de ces mises en scène. Ces quatre jours prolongent les Ateliers publics qui ont lieu tout au long de l’année et qui répondent à la volonté du Théâtre des Ateliers de permettre au public d’accéder à des espaces de pratique théâtrale, de réflexion critique et de connaissance du théâtre contemporain et de ses auteurs. Depuis la saison 2002-2003, en partenariat avec le Centre National des Écritures du Spectacle de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, vingt auteurs ont été invités à participer à ces ateliers du mardi.

L’atelier du 7 au 10 juillet se déroule au Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence et au Festival d’Avignon où les spectacles sont présentés. Pour des raisons de programmation et de dates nous ne savons pas encore si nous pourrons avoir des places pour tous les spectacles retenus. Le prix de l’atelier comporte l’achat des places auprès du festival – au tarif collectivités- et les frais administratifs. Les participants se rendent à Avignon par leurs propres moyens (en co-voiturage – signaler à l’inscription si l’on a ou non une voiture à disposition).

Prix pour 4 spectacles : 140 €, Étudiants – de 25 ans, titulaires du RSA : 80 (justificatif demandé à l’entrée par le Festival)

Carte d’Adhésion 2012-2013 obligatoire : 35 € Clôture impérative des inscriptions le 25 mai 2013

*Auteur, metteur en scène, comédien et pédagogue, Alain Simon interprète et met en scène des textes contemporains créés au Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence. Il est l’auteur de deux essais sur la formation de l’acteur : Acteurs spectateurs ou le théâtre comme art interactif, publié aux éditions Actes Sud – Papiers (2002) et  L’enjeu de l’acteur, paru en septembre 2003 aux éditions Les cahiers de l’égaré.

Programme

dimanche 7 : Atelier pratique et théorique de 16h à 18h30 au Théâtre des Ateliers

–       22h : Todo el cielo sobre la tierra texte et mise en scène d’Angelica Liddell, (Cours du lycée St-Joseph – durée 2h15)

Dans Tout le ciel est au-dessus de la terre, Angélica Liddelll propose une version très personnelle de la rencontre entre Wendy et Peter Pan, qu’elle transpose sur l’île d’Utoya, où des dizaines de jeunes gens furent massacrés en 2011. La féérie se heurte à l’actualité sanglante dans un spectacle où l’énigme se mêle à la poésie ?

lundi 8 – Atelier pratique et théorique de 16h30 à 18h30 au Théâtre des Ateliers

–       21h : Par les villages de Peter Handke- Mise en scène Stanislas Nordey (Cour d’Honneur-durée 3h30 avec entracte)

A partir d’une simple histoire d’héritage familial, Peter Handke embrasse les bouleversements de notre société et rend la parole aux humiliés et aux offensés. Aussi confiants que l’auteur dans le pouvoir des mots, Stanislas Nordey et ses comédiens donnent voix à cette épopée théâtrale, doublée d’une ode à la force vitale de l’art, indispensable lueur d’espoir en ces temps sombres et incertains.

Mardi 9 – Atelier pratique et théorique de  13h à 15h au Théâtre des Ateliers

–      17h : Qaddish Chorégraphie de Qudus Onikeku (Théâtre Benoît XII- durée 1h) en anglais surtitré en français

Quidus Onikoku convoque la mémoire de son père de quatre-vingt ans pour prolonger la sienne. Inspiré par la culture yoruba, il cherche un état de conscience au-delà du langage pour sonder les tensions entre mémoire et présence, souvenir et amnésie.

–    22h : Place du marché 76 texte et mise en scène de Jan Lauwers (Cloître des Carmes – durée 2h20)

Un an après une explosion sur la place du marché, un village en deuil affronte de nouveaux tourments. Les treize acteurs, danseurs et chanteurs de la Needcompagny interprètent avec fantaisie et sensibilité une fable picturale et musicale sur les vices et les grâces, les peurs et les espoirs d’une communauté.

Mercredi 10 Atelier pratique et théorique, et bilan du travail de 11h30  à 13h30 au Théâtre des Ateliers.

Bilan, mercredi 10 juillet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

exercice sur la segmentation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

exercice sur le plateau


travail sur le texte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

consignes pour la précision des mouvements sur la scène

 

 

____________________________________

REVUE de PRESSE

Todo el cielo sobre la tierra – Article paru dans le Monde.fr le 8 juillet

Le public est resté tétanisé quelques longues secondes, à l’issue de la première représentation de Todo el cielo sobre la tierra (El sindrome de Wendy), samedi 6 juillet. Puis il a réservé un accueil plutôt enthousiaste à la nouvelle création, très attendue, d’Angélica Liddell – un accueil dans lequel se sentaient à la fois la stupéfaction et l’admiration devant la performance à laquelle on venait d’assister, et les interrogations que le spectacle peut susciter sur le fond.

L’artiste espagnole (à la fois auteure, metteuse en scène et performeuse), qui a été une des grandes découvertes du Festival, en 2010, avec sa pièce choc La Casa de la fuerza, est présente à Avignon avec deux spectacles. Vendredi 5 juillet, elle avait ouvert les festivités avec Ping Pang Qiu, une première pièce qui est comme le double inversé de la seconde : plus foutraque (mais aussi plus ludique) sur la forme et la manière d’investir le plateau, et plus tenue sur le propos.

Lire aussi :  un portrait d’Angélica Liddell (publié dans Le Monde du 12 daté 13 juillet 2010)

AIMER UN PAYS À DÉFAUT D’AIMER QUELQU’UN

Dans les deux spectacles, Angélica Liddell, 47 ans, cette fille de militaire franquiste qui ne cesse de crier et de cracher son dégoût et sa rage face à ce “cloaque impossible à nettoyer” qu’est le monde, part du même point. C’est-à-dire d’elle, Angélica, qui, irrémédiablement écorchée vive et souffrante, est partie en Chine, pour apprendre la langue, et tenter d’aimer un pays, à défaut d’aimer quelqu’un.

 

Todo el cielo… est à la fois un spectacle d’une tout autre trempe, et nettement plus problématique et dérangeant, sans que l’on sache très bien, à l’issue de la représentation, si c’est toujours au bon sens du terme. Sur l’occupation du plateau, en tout cas, c’est une superbe réussite. Commencée dans une atmosphère de conte noir, la pièce, avec une liberté magnifique, mêle des images d’une force incontestable et des moments musicaux terriblement touchants dans leur kitsch assumé – comme dans cette série de valses dansées par un vieux couple chinois.

PERFORMANCE HALLUCINANTE

Baigné par un sublime poème de William Wordsworth“Et si rien ne peut ramener l’heure/ De la splendeur dans l’herbe, de l’éclat dans la fleur/ Au lieu de pleurer nous puiserons/ Nos forces dans ce qui n’est plus” –, Todo el cielo… est le versant intime et poétique de Ping Pang Qiu. Mais le spectacle pose question, dans la manière qu’a Liddell de mêler à son syndrome personnel l’histoire de la tuerie d’Utoya, en Norvège, en juillet 2011. Ici, le propos, peu clair, suscite une forme de malaise.

Il n’en demeure pas moins qu’Angélica Liddell, qui livre pendant une bonne heure une performance hallucinante, vomissant notamment sa haine des mères – quelle chanteuse de rock serait capable de ça aujourd’hui ? –, est bien la descendante de toute une lignée d’artistes espagnols sacrilèges, profanateurs, batailliens. Ses interrogations sur sa propre monstruosité évoquent irrésistiblement le titre de la célèbre gravure de Goya : Le sommeil de la raison engendre des monstres.

C’est ce qui emporte le morceau, chez le “monstre” Liddell : cette rage inentamée. Cette façon de mettre en scène son propre enfermement, en utilisant de manière magistrale The House of the Rising Sun, la chanson des Animals. C’est fou, la beauté qu’elle arrive à créer, cette femme inconsolable de la laideur du monde.

Qaddish, Les in Rocks, 9 juillet

Avec “Qaddish”, Qudus Onikeku ouvre la programmation danse du festival. On y était.

Qudus Onikeku est ce danseur incroyable de présence vu ici (dans Le Sacre d’Heddy Maalem) ou là (à Avignon en 2011 avec STILL/life, cosigné avec Damien Jalet). D’une certaine façon, le gamin de Lagos – où il a commencé dans la rue, acrobate qu’on imagine fervent – boucle la boucle de cette trilogie “De la solitude, la tragédie et la mémoire”.

Pour ce Qaddish – qui renvoie au Kaddish, la prière pour les morts dans la tradition juive – Qudus Onikeku se veut un voyage dans la mémoire de son père vieux de 80 ans “pour analyser les relations entre le souvenir et l’oubli”. Sur scène, devant une toile incurvée, il déploie sa gestuelle, corps ramassé, mouvements amples. Travail des bras ou au sol, genoux pliés ou jambes tendus, il se raconte aussi. Une voix parlé, celle d’Emil Abossolo-Mbo qui a écrit le texte, et une autre chante, la soprano Valentina Coladonato, sont comme des contre-points à la danse. Pas toujours pour le meilleur. On retiendra surtout de ce solo accompagné, l’engagement de Qudus Onikeku, la chorégraphie qui se déploie comme un conte pour adulte avec ses tours et détours. Il est question ici de la filiation bien sûr mais tout autant de la transmission des savoirs et des regrets.

Oinikeku n’est jamais aussi bon que lorsque il met son corps en jeu. Dans la bataille pour ainsi dire. Qaddish va, on l’espère, gagner en fluidité avec le temps. Mais on y a vu, c’est certain, l’un des meilleurs danseurs d’Avignon. Et si son père n’est pas là, sa présence bienveillante irradie ce Qaddish pour les vivants. Philippe Noisette

 

Rue du Théâtre : Marketplace 76/Place du Marché 76

Danser sur un volcan

Par Suzane VANINA Publié le 9 juillet 2013
Drame et Culpabilité, Pénitence et Rachat des fautes, Survie et Réconciliation dans un village actuel isolé constituent la trame de fond d’un spectacle coloré, dansé et chanté.“Un petit village au pied d’une montagne. Reculé. Dominé par la pauvreté. Les gens ont le coeur lourd.” C’est un Narrateur, Jan Lauwers, qui nous invite à le suivre dans cette chronique – une fresque picturale avant tout –  de la vie de ce bourg, à partir de l’été jusqu’en hiver, après une catastrophe humaine. Suite à la manipulation malencontreuse d’une bonbonne de gaz, une explosion a tué 24 villageois dont 7 enfants. 

Cela commence un an plus tard, par la commémoration du drame sur le traditionnel lieu de rencontre, pivot du patelin, au milieu duquel il y a aussi une fontaine, à sec, hors d’usage, recouverte et  qui servira de podium pour les discours et interventions. Ce sera l’occasion de voir défiler les membres de la petite communauté.

Voici la responsable qui est aussi victime, en chaise roulante : la femme du boucher/Anneke Bonnema ; son mari  toujours aimant/Benoît Gob ; la boulangère/Grace Ellen Barkey, mère qui pleure et vomit sur le cadavre de son gamin ; sa fille Pauline/Romy Louise Lauwers ; le plombier pervers Alfred Signoret/Julien Faure ; sa femme “l’étrangère” au village, Kim Ho/Sung-Im Her et leur grande fille Michèle/Yumiko Funaya, qui sera victime d’inceste… Tous ces acteurs-chanteurs-danseurs sont excellents !

Alors qu’il devait s’agir d’un apaisement, cette cérémonie de deuil engendrera toutes sortes d’événements plus extraordinaires et calamiteux les uns que les autres : chute (du ciel) d’un canot de sauvetage (boat people) bourré de poissons baudruches ; irruption de curieux balayeurs en costume orange (les“Invisibles”de la société) et conversion de certains à cette couleur (un rapprochement grâce à la symbolique boudhique ou simplement “tous pauvres un jour”) ; naissance d’un bébé géant (gonflable)…

Ce sera aussi la punition par noyade et pendaison d’Alfred accusé d’avoir abusé de sa fille pendant 76 jours dans “les catacombes” sous la fontaine, celle de sa mère accusée de complaisance, qui subira l’opprobe de tous par un enfermement de 76 jours, sera livrée aux mâles du village, avant un rachat définitif pour le moins stupéfiant… C’est un défilé ininterrompu de tableaux dont l’interprétation est laissée à chaque spectateur.

Quand Jan Lauwers revisite Lars von Trier

Le film “Dogville” de Lars von Trier – dont la dernière image est ce survivant d’une ville anéantie, le  chien – inspire nettement Jan Lauwers. Le chien-mannequin, placé à l’avant-scène, figure la référence claire de l’auteur-metteur en scène pour le but et la plantation du thème de son spectacle. D’un côté, le “comment vivre ensemble” d’une vingtaine de villageois. De l’autre, l’histoire découpée en actes et chapitres aux titres significatifs, la mise à distance du récit, les personnages, dont l’étrangère qui a dû/et doit encore se faire accepter… etc.

Mais à partir d’éléments similaires à ceux du film, l’histoire va assez vite prendre un autre tour. Fonctionnant elle-même comme une famille, il est évident que la Needcompany devait se pencher sur le fonctionnement d’une société d’aujourd’hui, grande ou petite, alors que tradition, religion, culture… ne sont plus communs, que l’ouverture et la multiculturalité se généralisent tout en étant confrontées à une attitude inverse : individualisme, repli sur soi…

Quand il raconte une histoire, le metteur en scène a recours à toutes les disciplines artistiques, dans un esprit communautaire où chaque artiste a son mot, son geste, son chant ou sa musique à introduire et cela inclut sa langue d’origine, son accent. Le spectacle est donc un mix de trois langues (surtitres anglais, français, néerlandais) qui se définissent en un récit par le Narrateur ou en soliloques et dialogues brefs qui souvent paraissent improvisés, murmurés “comme pour soi”. On ressent une petite impression de “déjà vu”, on reconnait le style Lauwers.

Les deux heures trente du spectacle filent à belle allure. On suit l’histoire avec une attention et un intérêt soutenus. Mais pourquoi n’est-on pas touché davantage ? La mise en distance de manière brechtienne, le jeu volontairement non appuyé, désinvolte, ou au contraire outré, exacerbé, l’abondance de péripéties, de rebondissements, les multiples actions simultanées, les passages sans transition du rire aux lamentations, les enchaînements de séquences hasardeux… tout cela déconcerte et peut agacer.

C’est parfaitement voulu et assumé afin que le “message” lauwersien de tolérance, de bonté et de pardon soit compréhensible “tous publics” et cela même si cela peut paraître quelque peu kitch, disons naïf, ou tenant de la démonstration appuyée, moralement trop évidente. On songe alors, après Goya ou Breughel, au Douanier Rousseau…

En savoir plus de Théâtre en Été

Les commentaires sont clos