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26 janvier 2017

TRiiiO, Fritz, Félix et Piola

par Nicole ESQUIEU

            Nous sommes heureux d’accueillir au Théâtre des Ateliers TRiiiO, création 2016 des Nouveaux Nez & Cie au festival d’Alba la Romaine en juillet  dernier, mis en scène par Alain Simon et  actuellement en tournée.Dans le cirque, les clowns, on les attend, ils arrivent entre deux numéros, s’imposant avant d’être chassés.  Paradoxe, on n’attend qu’eux, mais ils sont de trop. Leur temps de présence sur la piste est toujours du temps volé au temps de la représentation des numéros, des  jongleurs,  des avaleurs de sabres, des acrobates, des  dresseurs d’éléphant, de tigres, de chiens… Et le premier challenge de ce travail avec les trois clowns Fritz, Piola et Félix, fut celui d’un travail exclusif sans autre numéro. Le deuxième challenge était qu’ils devaient  surtout jouer dans des théâtres sans  chapiteau, et sans la toile du  chapiteau, sans la piste, les clowns sont alors comme des campeurs  qui quitteraient leurs tentes pour aller s’installer dans des hôtels prestigieux. Et en plus, il faut qu’ils tiennent  une heure quinze, en étant des invités et non des passagers clandestins. Comme des nomades devenus soudain sédentaires,  on leur  impose des règles qui ne sont pas dans leurs traditions  et on les  encourage à raconter une histoire avec un début et une fin.

          Nous avons pourtant choisi, pendant cette durée d’une heure quinze, de garder ce statut des clowns de piste qui s’invitent  sur  scène où  il est bien prévu qu’ils fassent un spectacle, mais ils ne sont sûrs ni  de l’heure, ni du lieu. Peut-être même que ce ne sont pas eux qui doivent jouer. Mais c’est trop long d’attendre, ils veulent que le spectacle soit court, car ils ont entendu qu’il y aurait un vin d’honneur à l’issue de la représentation, et la perspective de ce vin d’honneur devient l’enjeu essentiel de deux des protagonistes, Piola et Fritz. Félix, lui, il est bien élevé, et cela lui  dirait bien de jouer et de faire un vrai spectacle, avec des numéros et de la lumière et de l’ordre… Alain Simon

Mise en scène et écriture : Alain Simon, assisté de Gilles Jolly / Responsables artistiques : Alain Reynaud  et Heinzi Lorenzen / Jeu et écriture : Alain Reynaud, Heinzi Lorenzen  et Gabriel Chamé Buendia / Écriture des numéros clownesques : Ami Hattab  Lumière : Pascal Chassan – costumes Patricia de Petiville – Accessoires : Marie-O Roux assistée de Margot Van Haelst

 Tarif 15€, adh. étud. 11 €, Pass’Art 7 € – rés.  04 42 38 10 45 – theatredesateliers @yahoo.fr

Trois clowns, trois approches réunies : française, sud américaine, anglo-saxonne… Quatre langages différents : français, allemand, espagnol,  anglais… Alain Reynaud, Heinzi Lorenzen et Gabriel Chamé Buendia ont tous les trois une expérience du travail du clown différente et très personnelle.  Ils ont fréquenté des compagnies aussi diverses que Les Nouveaux Nez, Le Cirque du Soleil et le Footsbarn Travelling Theatre. Depuis plusieurs années, leurs chemins se croisent au plateau autour de cet art. Ils ont aujourd’hui envie de donner vie et forme à un trio clownesque, une forme si difficile à faire naître et surtout à faire durer dans le temps.

« On  a affaire à trois belles personnes qui ont chacune un univers fort. Ces trois univers ne sont pas de façon évidente complémentaires dans ce que pourrait être un trio classique, où les trois personnages se construisent au départ en rapport étroit et concomitant à leur pratique commune de trio. Or, chacun de ces trois clowns a déjà une histoire propre et un parcours qui clairement ne s’est pas construit avec les deux autres ! De fait, ce qui domine dans l’intérêt du trio c’est la rencontre, je dirais le télescopage de ces trois parcours, trois ensembles dont il faut chercher l’intersection ! À ce titre, l’improvisation est nécessaire pour l’approcher et la délimiter. Un autre élément déterminant est le goût commun pour un travail du clown classique, dont l’envie de travailler des numéros est le symptôme. C’est donc une forme de célébration à trois du travail du clown avec, en filigrane sa mythologie, son histoire et son imaginaire. Et dans ces numéros, ce qui me semble le plus intéressant, c’est de revisiter les jeux les plus simples, chapeaux, claques, entrées, etc. Autrement dit, trois clowns à la longue expérience créative qui se font et nous font le plaisir de pratiquer les fondamentaux de leur art ! Mais  le plus important  pour moi est la rencontre de ces trois corps qui se cherchent, se frottent, interrogent leur univers propre au contact de l’univers des deux autres. Le travail d’improvisation doit essentiellement être consacré à l’exercice de l’invention de la rencontre : ces trois là se cherchent et par cette recherche peuvent nous faire accéder à des atmosphères étonnantes, une poésie, un baroque, proches de ce l’on trouve dans le théâtre contemporain ». Alain Simon.

« Notre passion pour le clown oscille entre la tradition et la création, le populaire et l’expérimental. Nous explorons des nouvelles écritures et des nouvelles confrontations avec le public pour la figure du clown. L’envie est de créer un spectacle dans lequel l’univers très personnel des trois clowns cohabite avec ce qui est, chez des clowns de piste, plus direct et immédiat. Aujourd’hui le rire est presque exclusivement basé sur la blague, la vulgarisation ou l’autodérision. Ça n’engage rien de profond. Le rire que suscite le clown vient du ratage. Il est toujours tragique. Il nous fait penser à nous-mêmes.  Avec le clown nous avouons l’imperfection de l’homme ». Félix, Fritz, Piola.

 

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