La Provence.Com :
“Le Sec et l’Humide”, Guy Cassiers studieux

Il a lieu le mardi de 18h30 à 20h, sous la direction d’Alain Simon.
“Le but au départ était de proposer un atelier ouvert, dans plusieurs sens du mot :
– s’adressant à des participants d’âge et de conditions sociales différents,
– permettant à des membres néophytes de l’atelier de se sensibiliser au théâtre, et à des professionnels de s’entraîner : Claude Piéplu ne disait-il pas que le métier de comédien avait cette particularité que l’on avait envie de l’apprendre après l’avoir pratiqué.
À part l’obligation d’être à l’heure à l’atelier, le fait de pouvoir ne pas assister à un ou plusieurs ateliers sans inconvénient (liberté peu utilisée) a permis à certains participants d’oser s’inscrire alors qu’ils n’étaient pas sûrs pour des raisons professionnelles ou familiales de pouvoir être là tout le temps.
Le nombre non limité de participants est devenu un mode de fonctionnement, il permet à la fois un entraînement collectif ou chacun est en sécurité parmi les autres, nombreux, mais aussi de pouvoir alterner ces deux postures, acteur regardé et spectateur regardant. Le nombre permet aussi de constituer un public suffisamment dense pour expérimenter de façon féconde cet échange entre acteurs et spectateurs. Notre choix de sensibilisation au théâtre contemporain rend cette interaction encore plus justifiée. Le théâtre d’aujourd’hui affirme la plupart du temps le public comme explicitement présent en cassant le quatrième mur !
Chaque atelier à sa thématique proposée : le travail corporel, l’espace scénique et ses tropismes, les entrées sorties en convoquant le texte de Novarina, l’acteur sort pour rerentrer, la voix comprise comme énergie et vecteur de plans de signification complexes, l’objet scénique et son rôle depuis qu’il n’est plus accessoire, la projection, en éprouvant cette capacité du spectateur de projeter sur l’acteur des informations venant de la représentation, mais aussi issues de sa propre histoire, de l’actualité…
– Les réponses des participants aux consignes de jeu sont analysées en montrant de façon ludique et humoristique le hiatus entre ce que chacun a l’impression de faire sur le plateau et la perception que l’observateur en a ! Cette connaissance de soi statistique est importante pour les membres de l’atelier, elle permet de pratiquer cette différence entre signifié et signifiant !
L’Atelier public du Théâtre des Ateliers s’est maintenu au cours des années par l’intérêt pour lui de ceux qui s’y inscrivent peut-être parce qu’il correspond à un besoin de diversification de l’offre artistique ! Aussi parce que pratiquer l’analyse des fonctionnements théâtraux contemporains concourt à rendre plus perspicaces et plus exigeants les spectateurs face aux propositions des créateurs. En tous cas cette perspicacité des spectateurs, exceptionnelle au théâtre – Peter Brook parle d’acuité – développée grâce à cette pratique d’atelier public, en dehors du plaisir de connaisseur qu’elle procure aux participants, encourage les artistes à faire des propositions singulières !
L’atelier public est une forme vivante et pratique d’école du spectateur ! ” Alain Simon
un atelier public de sensibilisation aux propositions du théâtre contemporain du Festival d’Avignon du samedi 8 au mardi 11 juillet 2017
Dans sa volonté permanente d’associer les spectateurs à une réflexion sur le théâtre contemporain, le Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence propose du samedi 8 au mardi 11 juillet 2017 « Théâtre en été », atelier pratique et théorique dirigé par Alain Simon*, autour de spectacles choisis dans la programmation du Festival d’Avignon.
Le principe de cet atelier est de déterminer et d’expérimenter à partir de spectacles vus en commun la place faite au texte sur le plateau, les codes de jeu, les filiations théâtrales, la singularité des artistes, les enjeux esthétiques et la conception du travail de l’acteur mobilisés à l’occasion de ces mises en scène.
Ces quatre jours prolongent les Ateliers publics qui ont lieu tout au long de l’année et qui répondent à la volonté du Théâtre des Ateliers de permettre au public d’accéder à des espaces de pratique théâtrale, de réflexion critique et de connaissance du théâtre contemporain et de ses auteurs.
L’atelier du 8 au 11 juillet se déroule au Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence et au Festival d’Avignon où les spectacles sont présentés. Pour des raisons de programmation et de dates nous ne savons pas encore si nous pourrons avoir des places pour tous les spectacles retenus. Le prix de l’atelier comporte l’achat des places auprès du festival et les frais administratifs.
Les participants se rendent à Avignon par leurs propres moyens (en co-voiturage – signaler à l’inscription si l’on a ou non une voiture à disposition.
Publié Le 10.07.2016 à 13h31
Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon : « Je ne voulais que des aventures extrêmes : le théâtre, la mort, le cloître »
La soixante-dixième édition du festival de théâtre et de spectacle vivant se tient jusqu’au 24 juillet dans la cité des Papes.
Auteur, metteur en scène, acteur, Olivier Py est directeur du Festival d’Avignon, dont la soixante-dixième édition se tient jusqu’au 24 juillet dans la cité des Papes.
Je ne serais pas arrivé là si…
… si ma mère ne m’avait pas appris une chose fondamentale : « Le travail paie ». Elle me le disait toujours. Elle m’a donné un goût immodéré pour le travail, avec un peu de pression aussi ! Parce qu’il fallait toujours que je sois le meilleur partout, tout le temps.
la suite après cette publicité
Je tiens de ma mère un sens pratique extraordinaire, d’organisation, de pragmatisme. Toute ma stabilité psychologique vient de ce qu’elle, et mes grands-mères, m’ont donné comme amour. Tout ce qui est, en moi, subversif et dangereux vient de mon père…
Et je ne serais pas arrivé là si je n’avais pas eu une professeure de français merveilleuse : mademoiselle Barrel, en classe de quatrième. Elle avait invité dans notre collège tout pourri la Compagnie lyonnaise des Huit-Saveurs. Pendant une semaine, les artistes ont fait un atelier de théâtre autour de Candide. Cela a changé ma vie. L’année suivante, ils sont revenus et m’ont proposé un petit rôle.
Pourquoi cela a-t-il changé votre vie ? Que s’est-il passé au contact de ces artistes ?
J’étais déjà passionné d’art et de littérature, alors que mon milieu social ne m’y prédisposait pas. Mais, en travaillant avec des comédiens dans ce collège, les choses sont devenues possibles. Je trouvais un lieu d’intense jouissance. Au fond, j’apprenais à jouir. Je découvrais tout simplement la vie de l’esprit.
Sans cela, j’aurais mis plus de temps à comprendre que c’était ma place. Ensuite, j’ai commencé à lire tout ce qu’il y avait dans la bibliothèque familiale : Camus d’abord, puis Bazin, Mauriac, tout. Et je suis devenu graphomane. A 17 ans, j’écrivais tous les jours. J’en ai des cartons.
Etes-vous encore en contact avec votre ancienne professeure de français ?
Je la revois au Festival. Et je lui rends toujours hommage. J’essaie à mon tour de faire comme elle, parce que je sais que cela sauve des existences. Dès que je suis arrivé à Avignon, j’ai repéré le collège le plus dur. La première fois que j’y suis allé, quand j’en suis ressorti, j’avais les larmes aux yeux.
Est-il vrai que vos parents vous ont dit : « Homosexuel si tu veux, artiste si tu veux, mais curé, non ! » ?
Pas curé, moine !
Vous avez eu la tentation d’être moine ?
Il y a d’abord eu mon coming out à 16 ans auprès de la famille et de l’école. Dans les années 1980, ce n’était pas très commun. A cette époque, j’hésitais entre les vocations religieuse, monacale, et artistique. Je n’ai jamais pensé être curé, mais vivre – comme le dit Bernanos – une aventure spirituelle héroïque, de silence, de prières, de rencontre avec la joie, j’en ai rêvé très fortement.
Je pourrais dire que j’en rêve encore. Quand j’étais jeune homme, je voulais à la fois dévorer le monde et en même temps m’en retirer. Je crois que c’est toujours le cas. Je transporte avec moi un cloître discret.
Mais vos parents étaient des laïcards…
Ah oui, très laïcards. Mon idée ne leur plaisait pas du tout. Artiste, pédé, de gauche, ça allait encore, mais moine, non. Cette dimension religieuse les surprenait. Mais à 20 ans j’étais infernal.
Infernal ?
Je ne voulais que des aventures extrêmes : le théâtre, la mort, le cloître. J’étais très tenté par la mort entre 15 et 20 ans. J’étais plus que tourmenté, j’étais scarificateur, au bord du suicide. Je me trimballais quand même à l’école avec un revolver chargé ! J’étais spécial. J’avais mon 22 long rifle, volé à mon père, qui aimait beaucoup les armes.
J’ai toujours vécu avec la souffrance. La souffrance n’empêche pas de rire, de vivre, de travailler beaucoup. Certaines personnes vivent avec cela pour toujours, c’est comme ça.
Que gardez-vous de l’enfant que vous étiez ?
Deux choses : d’abord l’humour. Je rigole encore tout le temps. Ensuite la Méditerranée. J’appartiens à cette mer, mes parents l’ont traversée dans tous les sens. L’histoire de la Méditerranée, c’est une histoire de barque avec des gens qui s’enfuient. Mes parents, expatriés, m’ont beaucoup raconté leur voyage. Et ma grand-mère me racontait comment ces parents sont venus de Naples sur une barque. Je suis profondément un Méditerranéen, parce que l’appartenance nationale me semble dérisoire par rapport au fait d’être un Méditerranéen.
A 20 ans, en 1985, vous venez jouer pour la première fois dans le Festival « off » d’Avignon et vous vous jurez de ne plus y revenir…
Je venais d’échouer à Normale sup, j’avais un chagrin d’amour, je préparais le concours de l’Idhec [l’ancien nom de la Fémis]. C’était la première fois que j’étais engagé professionnellement. Je débarquais, me sentais étranger. Je faisais un remplacement dans une troupe qui jouait L’Ecume des jours. C’était très dur. C’est pour cela que je garde à jamais une admiration pour les gens qui font le « off », collent des affiches, tractent, montent et démontent le décor chaque jour.
Finalement, vous êtes revenu…
Chaque année ! Avignon, c’est un combat. Ce n’est pas un festival de divertissement. J’ai commencé à aimer ce combat. En 1988, j’ai joué dans une pièce de Lenz. Quelques années étaient passées, j’étais entré au Conservatoire et me sentais moins perdu dans ce monde-là. Cela a été magnifique. Je l’ai vécu avec beaucoup de joie.
Vous dites que c’est Shakespeare qui vous a rendu libre…
Shakespeare agrandissait le monde. Le théâtre, c’était toujours une chambre, un salon, avec lui c’était le monde. Il y a un théâtre bourgeois, réaliste, bienséant. Et puis il y en a un autre qui a la folie de représenter le monde. C’est d’abord chez Shakespeare que je l’ai trouvé. Lorsque Jean Vilar a voulu, en Avignon, faire voler en éclats le théâtre bourgeois, il est allé chercher Shakespeare.
« La Servante », en 1995, représente le tournant de votre carrière. Quel souvenir en gardez-vous ?
La Servante, c’est la plus belle semaine de ma vie. Et cela m’a ouvert toutes les portes. J’avais 30 ans. Nous étions 27 acteurs et voulions jouer un spectacle de vingt-quatre heures. Ne jamais s’arrêter, jouer sans fin. C’était l’aventure utopique, une proclamation de la vie spirituelle. Pour nous, c’était de l’art pour l’art. Pas un happening, mais des pièces de théâtre que j’avais écrites et répétées pendant plus de deux ans. Etonnement, le public a suivi. L’étrange alchimie a été de faire un geste héroïque, radical et en même temps un succès populaire. Là, j’ai commencé à comprendre Avignon.
C’est-à-dire ?
L’exigence artistique qui produit du théâtre populaire : c’est ça le miracle, le tour de passe-passe d’Avignon.
Derrière la notion de « théâtre populaire », que mettez-vous ?
Il faut faire attention de ne pas flatter le public dans le sens de l’Audimat. C’est là qu’un pays perd son âme. A Avignon, Jean Vilar n’a jamais flatté le goût du public. Il est parti d’une chose très simple : « Ce en quoi je crois, si j’y crois sincèrement, le public y croira. » Paul Puaux, ancien directeur du Festival d’Avignon, m’avait dit après ma pièce Le Visage d’Orphée : « Les critiques, ce n’est pas la peine de les lire. Le milieu du théâtre n’en attend rien. Tu n’as qu’un seul allié, c’est le public. »
C’était vrai. Pour tous mes spectacles, j’ai toujours été sauvé par le public. Dans la vie, je déteste m’ennuyer, je suis enfantin à ce niveau-là. Mais la bourgeoisie adore s’ennuyer. Elle croit qu’elle pense quand elle s’ennuie et que le rire est vulgaire, qu’il n’est pas un trait de l’esprit.
La même année que « La Servante », vous participez à une grève de la faim pour dénoncer le drame de la Bosnie. C’est le début de vos engagements politiques. D’où ce besoin de vous engager vient-il ?
C’est à cause du sida et parce que je suis catholique. A priori, quand on est catholique, on est censé se battre pour les autres et non, par exemple, défiler pour empêcher les homosexuels d’avoir des droits. Mais d’abord il y a eu le sida : cette nouvelle forme d’engagement associatif qui partait de la société civile (comme Act Up), c’est vraiment ma génération.
Je n’ai jamais pris de carte dans aucun parti. Les discussions néomarxistes de mes camarades de classe m’endormaient, je les trouvais totalement hors sol. J’avais la sensation que la guerre en Bosnie était en train de détruire l’idée même d’Europe et qu’on était face à un nettoyage ethnique qui s’apparentait à un génocide.
Puis j’ai rencontré Susan Sontag. Elle revenait de Sarajevo et me dit : « Je ne comprends pas pourquoi les intellectuels en Europe ne font pas comme à l’époque de la guerre d’Espagne. » Entendre ça a ouvert les vannes et je vivais jour après jour en lien avec Sarajevo.
Ensuite, j’ai rencontré François Tanguy et quelques amis qui créèrent, pendant La Servante, ce qu’on a appelé « La Déclaration d’Avignon » pour briser le sentiment d’impuissance que donnaient les médias. Les grands médias nous informent et en même temps verrouillent le ressort de l’indignation. Je n’accuse personne, mais c’est un fonctionnement mystérieux qui fait que nous sommes coupables et impuissants.
Avez-vous le même sentiment aujourd’hui face à ce qui se déroule en Syrie ?
Bien évidemment. Sur la Syrie, lorsque je dirigeais le Théâtre de l’Odéon, j’avais accueilli – avec Alain Juppé – une conférence de presse des membres la révolution syrienne. On disait que, si on ne les soutenait pas, ce seraient les fondamentalistes qui prendraient le pouvoir… C’est ce qui s’est passé. Mais être interventionniste est quelque chose de complexe dans un héritage de gauche pacifiste.
Comment l’envie d’être directeur de théâtre public vous est-elle venue ?
Ce n’était pas un plan de carrière. Simplement, ma vie rêvée a toujours été d’avoir une chambre dont la fenêtre donnerait sur une scène de théâtre. Je m’en sentais capable.
Cela oblige à une proximité avec le pouvoir politique, les institutions culturelles…
Ce n’est pas la partie la plus douce. La proximité avec les artistes et le public compense largement, en joie, les vicissitudes de la vie de courtisan, car on en est un.
« Courtisan » est vraiment le bon terme ?
Ah oui, c’est vraiment cela, comment toujours. Je publie à la rentrée un roman qui s’appelle Les Parisiens et qui essaie d’expliquer, de raconter comment cela se passe. J’avais envie de faire un roman du XIXe siècle. J’ai voulu retrouver les deux parties de moi : le mystique intraitable et le mondain prêt à tout.
Tout, à Paris, fonctionne par un système de courtisanerie – des amis d’amis, des rivalités personnelles, des intrigues, des dîners en ville, des rumeurs, des réseaux – au point que tout perd son sens. Je crois que c’est très exactement à ça que Jean Vilar a voulu échapper en allant mettre un tréteau dans la cour du Palais des papes [rires].
Rien n’a changé ?
Les sociétés ont des maladies comme les hommes. Cela peut être le populisme, cela peut être aussi le parisianisme, la société des héritiers. En 1984, quand je suis arrivé de province, je ne connaissais personne dans cette ville. Je n’avais aucune idée de ce fonctionnement parisien : la reproduction des élites, l’entre-soi… c’est fascinant à voir. C’est un groupe de pouvoir. Ils tiennent les rênes d’eux-mêmes, de leur microsociété, de leur jeu théâtral à eux, à nous, car j’en fais partie.
Diriger le Festival d’Avignon, c’était un rêve ?
Bien sûr, c’est le rêve de ma vie. Avignon m’a tout donné, a fait de moi ce que j’ai été. Je n’ai pas connu d’amour plus grand que le Festival. La culture, c’est l’avenir. Son rôle est de donner du sens, particulièrement quand il n’y en a pas. L’émotion esthétique est fondamentale. C’est la clé qui ouvre tous les possibles. On regarde le plafond de la chapelle Sixtine et on se dit que notre misérable existence a du sens.
Quel est votre rapport au pouvoir ?
Je n’ai jamais aimé le pouvoir pour le pouvoir. Ma vie, c’est de faire de l’art. Diriger un théâtre ou un festival permet de faire des œuvres d’art, c’est tout. Même en tant que metteur en scène, je ne suis pas du tout un dictateur. Le pouvoir est dangereux et il rend fou. Il faut avoir autour de soi des êtres qui vous jette un seau d’eau froide quand on perd le sens des réalités. J’ai cette chance. Un bon artiste de théâtre doit tendre vers la politique mais tendre seulement. Quelquefois, je suis tombé dedans [rires].
En mars 2014, lors des élections municipales, vous menacez de démissionner si le Front national est élu. Une déclaration qui a suscité des réactions violentes…
Oui, j’ai même reçu des menaces de mort homophobes. Même la gauche a été violente, parce qu’elle n’aime pas quand la société civile lui fait la leçon. Si c’était à refaire, je redirais la même chose. Il me semble que c’est mon rôle. Je ne pouvais pas faire autrement. J’ai aussi appelé à voter Christian Estrosi au second tour des élections régionales. Je n’avais pas du tout envie qu’au bénéfice d’un vote blanc, Marion Maréchal-Le Pen s’empare de cette région. Il faut des générations pour construire une écologie culturelle et il suffit de très peu de temps pour la mettre à bas.
Brexit, montée des populismes et de l’extrême droite, que vous n’avez cessé de combattre… Etes-vous inquiet face à l’avenir ?
J’ai une inquiétude extrême, que je n’ai jamais eue auparavant. Je suis un Européen convaincu et j’ai l’impression de voir l’Europe s’écrouler. Il ne faut pas laisser la politique à des professionnels de la politique, cela n’a aucun sens. Quand le peuple aura compris ça…
Propos recueillis par Sandrine Blanchard
Avignon 2017 : “Les Parisiens” vus par l’outrance et l’insolence d’Olivier Py
Le metteur en scène et patron du Festival d’Avignon adapte son propre roman. 4h30 d’un spectacle où le petit monde culturel de la capitale est dépeint parfois avec naïveté, mais qui est emporté par une belle ivresse de théâtre.
Nous avions aimé ce délirant roman fleuve où les orgies les plus corsées se conjuguent aux intrigues artistico politiques ; où foi, sexe, littérature, pouvoir et œuvres d’art mènent une sarabande à faire se damner Balzac, Nietzsche, Claudel, Gide et Teilhard de Chardin réunis. L’auteur et patron du festival d’Avignon s’affiche chrétien, homosexuel et affamé de reconnaissances, comme de jeux. Ce trublion métaphysique de nos scènes publiques – tantôt insolent dieu Pan tantôt mystique doloriste – aime aussi, surtout, à s’amuser, une fois la cinquantaine venue et l’obtention des postes les plus passionnants…
Sa dernière création (4h30 avec entracte quand même !) est réussie. On a eu chaud, pourtant, après une première partie trop sonore, bruyante, enfiévrée de mots et d’une volonté toute dionysiaque de choquer. Jusqu’à l’indigestion ? Il y a une telle ivresse de théâtre, de faire théâtre et de constamment étonner, façon Cocteau, de donner la joie, qu’il sera beaucoup pardonné à Olivier Py dans ses outrances, son mauvais goût tapageur, ses insolences gamines, son goût du religieux flamboyant.
Qui ose encore, comme lui, poser crânement sur le théâtre le problème du bien et du mal, de la mort ou de l’absence de Dieu, de la liberté et du pouvoir, de la jouissance et du désespoir, de la militance politique et du renoncement, des grandeurs et du turpitudes du politique ? Sur le sol en damier noir et blanc imaginé par le scénographe frère Pierre-André Weitz, au milieu de façades haussmanniennes photographiées en noir et blanc sur de gigantesques praticables et qui vont évoluer, danser sur scène tout au long du spectacle, Olivier Py raconte en une suite de situations extrêmes, du lyrisme le plus échevelé au prosaïsme le plus grossier (public chaste s’abstenir) le parcours d’Aurélien, jeune metteur en scène poète transgressif et ambitieux, beau comme un faune de Debussy. Et qui pourrait lui ressembler…
“La seule vérité c’est la mort”
Aurélien tente de réussir avec frénésie dans le Paris arty d’aujourd’hui, et où les plus cultureux d’entre les spectateurs reconnaîtront telle grande sociétaire de la Comédie-Française, tel ministre, chef d’orchestre, mécène ou grand commis de l’Etat… Amoureux d’un poète beau comme un ange mais torturé par l’abandon du père, la haine de soi et l’obsession de la sainteté, Aurélien se perd et se retrouve de bras en bras. Sans dédaigner la prostitution qu’il pratique comme un des beaux-arts, inventant le concept de « putitude » ou… « droit au théâtre »…
En lettres rouges sur le beau décor de Weitz, cette inscription dans la première partie du spectacle : « Une étoile brille de nuit ». Après l’entracte elle est devenue : « L’Etoile ne dit rien ». Un renoncement ? Surtout pas. Une énergie hystérique baigne l’infernale, improbable et métaphysique représentation qui s’achèvera sur un air poignant du Tannhauser de Wagner, tandis que tomberont régulièrement des cintres de crépusculaires et gigantesques scènes de crucifixion ou d’enfer peintes par Le Tintoret…
Souvent accompagnés par le piano droit juste devant la scène, les comédiens (la plupart magnifiques dans leurs audaces, leurs démesure, de Philippe Girard à Mireille Herbstmeyer, de Jean Alibert à Emilien Diard-Detoeuf via Laure Calamy) osent en effet proclamer – voir gueuler – des phrases aussi définitives et exaltées que « la musique est la blessure de Dieu », « la seule vérité c’est la mort », « la souffrance est divine », « je suis celui qui vient » et j’en passe… Un désordre traversé de désirs, de révolutions, de morts et de passion irraisonnée pour un dieu proclamé absent lie et délie ainsi l’écriture comme en transe. Et le petit monde parisien qu’Olivier Py prétend – naïvement ? – observer avec ses compromissions, ses lâchetés, ses vanités n’est pas le plus fascinant. Plutôt la rage vitale et la tragique lucidité d’Aurélien-Olivier, duo pourtant moins développé à la scène que dans le roman…
Peu importe alors que le poète Py s’enivre de mots (parfois boursouflés), de rédemption et de foi en vrac avec un très sexy frisson sacré. Pour les quelques scènes que cet obsédé de la séparation, hanté par la personne du père – divin ou trop humain – ose écrire et faire dire sur l’amour, la foi, le doute et l’espérance, Les Parisiens méritent méditation. Théâtrale et spirituelle.
Par Guillaume Tion et Ève Beauvallet Envoyés spéciaux à Avignon — 9 juillet 2017 à 19:06
Le Portugais Tiago Rodrigues a extirpé des coulisses l’une des dernières souffleuses d’Europe et en a fait l’héroïne de sa dernière création.
Cristina Vidal, en arrière-plan, et les comédiens Joao Pedro Vaz et Isabel Abreu, mercredi à Avignon. Photo Christophe Raynaud de Lage
Le plateau de théâtre comme dernier refuge, la mémoire comme résistance, l’art comme dissidence, la création persécutée, la scène comme lieu des spectres… Bon. On peut toujours rouler des yeux devant ce qui ressemble sur le papier à une somme de poncifs, trop souvent embrassés dans un pompiérisme abrasif par des poignées de dramaturges en lutte, animés par le «souffle divin du Verbe». Mais, vendredi soir, au Festival d’Avignon, on se rendait pourtant les yeux fermés dans la salle de Sopro, spectacle qui comptait bien régénérer ces grands thèmes, en les abordant de biais. Il y avait toutes les raisons de s’enflammer : Sopro est la dernière création du Portugais Tiago Rodrigues, un artiste élégant qui d’ordinaire sait faire confiance aux métaphores sans les surligner trois fois au Stabilo, un conteur génial, à l’écriture blanche et romantique, que l’on croyait à l’abri de toute tentation didactique. Il en donnait notamment la preuve dans son mémorable By Heart en tirant le fil dystopique de Fahrenheit 451, le roman de Ray Bradbury, où nous est conté que dans un futur en cendres, une petite communauté de dissidents résiste à l’oppression en apprenant par cœur les livres que le pouvoir politique en place a entrepris de brûler.
Sopro s’annonçait comme une variation autour du même sujet : nous sommes en 2080 et, partout en Europe, les théâtres sont en ruine. Rien qu’on ait pu voir venir. Juste l’intensification d’un air du temps, qui voit la légitimité des soutiens à la création s’étioler et l’indifférence du public à l’égard du théâtre s’accentuer. Dans ce futur proche, les comédiens auraient néanmoins continué à jouer, envers et contre tout, portant avec eux les fantômes des personnages passés et la mémoire de «grands textes» que d’autres estiment ringardisés. Clandestinement, comme des lucioles, en chuchotant. Oui, c’est beau, d’autant que Tiago Rodrigues a l’art de dénicher les métaphores dans des recoins insoupçonnés : au Théâtre national Dona Maria II à Lisbonne, qu’il dirige depuis trois ans, travaille une des dernières souffleuses de théâtre, un métier déjà oublié, une espèce en voie de disparition. Elle s’appelle Cristina Vidal.
Joncs On comprend pourquoi Tiago Rodrigues a tant insisté pour la convaincre d’être la figure centrale de sa pièce : le souffleur comme centre névralgique du bâtiment théâtral, gardien de l’histoire d’un édifice, celui qui anime l’acteur en souterrain, lui donne sa respiration, celui aussi qui murmure et chuchote. Le souffleur, donc, comme métonymie du théâtre et comme allégorie de la résistance. Magnifique. Alors d’où vient le problème ? Certainement du fait que tout aurait dû rester en sous-texte, au lieu d’être expliqué sur scène. Un plateau vide, fait de planches récupérées d’une ancienne production entre lesquelles poussent des joncs et des mauvaises herbes, est cerné par une succession de voiles façon rideaux de douche. Le vent souffle depuis les enceintes. En dépit des apparences, nous ne sommes pas sur le parvis de la Bibliothèque nationale de France à Paris un soir de grand vent. Nous sommes dans «les ruines du Théâtre national», où se tisse une narration à trois niveaux.
Le premier est celui du récit de vie de Cristina Vidal. Le deuxième expose en acte son travail (le cœur du spectacle). Le troisième revient sur le pari sur lequel repose la création de la pièce : convaincre une professionnelle de l’ombre de rentrer dans la lumière. C’est là que Tiago Rodrigues se perd, en mettant en scène son personnage de directeur du Théâtre national en train d’exposer à la souffleuse (malin, la double énonciation) les motivations qui le poussent à la choisir comme personnage principal.
Sopro est en revanche passionnant quand il s’occupe de faire du théâtre plutôt que d’accumuler des clins d’œil sur la mise en abyme de ses situations. Placer une souffleuse en face des spectateurs, c’est déjà la voir, impassible, en noir, avec son texte, sa lampe et son chrono, massive en face de ces «léopards» des plateaux qu’elle voit rôder depuis trente-neuf ans. Et c’est donc montrer son rôle par l’exemple. En cela, la pièce s’apprécie comme une formidable fiche métier, où sont dénombrés les différents cas de figure de l’intervention d’un souffleur – quand les acteurs oublient le texte ou le modifient trop – à grand renfort d’anecdotes et de contextualisation drôles et délicates. La petite histoire du Théâtre national de Lisbonne nous promène ainsi dans les Trois Sœurs, l’Avare ou Antigone, textes dont les acteurs rejouent, dans un fondu parfait, les scènes par fragments et selon l’angle de vue de Cristina Vidal.
Soliloque Le voyage pourrait durer des heures. Surtout quand il nous plonge dans le souvenir de cette scène de répétition où se font face deux comédiens, elle dans le rôle de la mourante d’une maladie pulmonaire, lui jouant le médecin qui la reçoit. On explique à l’acteur que, dans la réalité, le médecin avait sur le visage un sourire triste, celui qu’on destine aux malades. «Il n’a pas pu sourire», s’emporte le comédien qui refuse de voir que, si le drame a des règles, la réalité n’en a pas. Cette façon d’introduire la question de la véracité de l’interprétation et de la restitution paraît d’un coup d’autant plus subtile que, au préalable, le spectateur a dû subir le soliloque du directeur du Théâtre national à propos du réel qui empiète sur les rives de la fiction, au risque de faire des salles un rendez-vous de fantômes, etc. Dommage que Tiago Rodrigues n’ait pas renoncé à ces moments de spéculation théorique lourdingue. Ce genre de séquence «à thèse» semble déjà datée pour les spectateurs de 2017. Alors pour ceux de 2080…
Avignon : Tiago Rodrigues nous souffle « Sopro », une merveille cristalline
Quelle intelligence de la scène et de la construction dramatique ! Quelle sensibilité qui ne tombe jamais dans la putassière sensiblerie ! Quel amour des acteurs ! Quel amour des spectateurs ! Au rebours d’un théâtre larmoyant, par des voies aussi simples que magnifiques, Tiago Rodrigues nous fait pleurer avec Sopro, en français : Souffle.Une femme en noir qui ne dit rien Quand le public prend place dans le Cloître des Carmes, une femme en noir sans âge bien déterminé (ni encore jeune, ni très vieille) est déjà là sur la scène, marchant sur un plancher où, dans les interstices, poussent des herbes hautes. Mais le plancher n’est pas pourri et les herbes sont bien agencées. L’ensemble nullement réaliste est plutôt un espace mental, un terrain de jeu. Sur un côté, toute rouge, a été disposée ce que les Portugais nomment « chaise-longue » et que l’on appelle méridienne. La femme tient en main un cahier à couverture noire, en accord avec ses vêtements. A la voir arpenter le plateau, on pressent qu’elle n’est pas une actrice de métier. Elle n’en a pas l’aisance ou la nervosité, ou la netteté du pas. Son regard est concentré ; une femme qui veille. Sur quoi ? Sur les acteurs. Quand ils apparaissent un à un, elle les suit de près, sa brochure en main, ouverte. C’est une souffleuse. Habituellement, la personne qui souffle un texte (cela arrive encore, surtout pour des reprises de rôle ou pour des acteurs à la mémoire défaillante) reste en coulisses, dissimulée derrière un rideau. Cette fois, elle est là, sur scène, à la vue de tous les spectateurs, elle ne dit rien. D’un geste, elle indique aux acteurs où se mettre et parler.
Une première jeune femme entre en scène. Une actrice. Elle (son personnage si l’on veut) va nous raconter que sa tante travaillait à la billetterie du Théâtre national de Lisbonne. La nièce âgée de huit ans dit vouloir aller au théâtre car elle dit aimer le théâtre. Un jour, pour lui faire plaisir, sa tante l’emmène au Théâtre national et va demander la permission à la directrice. Cette dernière interroge l’enfant. Dialogue : « As-tu déjà été au théâtre ? Non. Alors comment peux-tu dire que tu aimes le théâtre ? Parce que j’aime tout ce que je ne connais pas » (je cite de mémoire, ne prenant jamais de note pendant les spectacles et n’ayant pas eu accès au texte des sous-titres). La directrice s’éloigne mais la tante comprend que c’est gagné. L’enfant voit son premier spectacle de théâtre debout sur la pointe des pieds, dans le trou du souffleur, les mains posées sur le plancher du plateau. Cette scène de Souffle est à demi racontée, à demi « jouée » par d’autres acteurs qui entre-temps sont apparus, jouant la directrice du théâtre, etc. Si j’ai mis des guillemets à « jouée », c’est que les acteurs de Tiago Rodrigues jouent sans jouer, effleurant leur rôle, réservant effet et emphase à l’heure de se remémorer un acteur cabotin.
Le souffle du souffleur Tiago Rodrigues a connu Cristina Vidal (la dame en noir) lorsqu’il a été invité au Théâtre national de Lisbonne en 2010. Elle lui a parlé de sa vie de souffleuse, un métier devenu paradoxal : il porte toute la mémoire du théâtre et en même temps il est en voie de disparition. Ce fut le point de départ. Un premier projet n’a pu se faire faute d’argent, mais maintenant que Tiago Rodrigues est devenu le directeur du Théâtre national de Lisbonne, il s’est souvenu de ce projet et de Cristina. Avec la délicatesse qui le caractérise, il n’a pas voulu raconter la vie de Cristina, mais parler de son métier à travers diverses possibilités de souffleurs et de l’inscrire dans l’histoire (vraie ou arrangée) du Théâtre national (la maladie puis la mort de la directrice), tout cela agencé par un metteur en scène (l’un des acteurs) qui réfléchit à haute voix à un monde où le trou du souffleur a disparu. Partant, le souffle du souffleur devient une métaphore sans fin.
Comme André Gide écrivant Paludes (roman où un personnage dit à un autre qu’il écrit Paludes), dans Souffle, Tiago Rodrigues ne déteste pas la mise en abyme. Via un acteur tenant le rôle du metteur en scène de ce qui deviendra Souffle, il nous offre des tours et atours ironiques, allant jusqu’à se moquer de lui-même, par exemple en proposant plusieurs fins au spectacle (dont celle à la fois à la mode et éculée d’achever un spectacle par un chant collectif). C’est un des points forts de tous ses spectacles, qui énoncent leur mode de production en se faisant, créant une connivence de tous les instants.
Un des souffleurs explique ne voir les acteurs que de dos ou de côté. Ce détail a plu à Tiago Rodrigues (il le met en scène dans Souffle). C’est aussi une juste métaphore de la façon dont Rodrigues aborde le théâtre par la petite porte, par l’arrière, par le côté. Des vieux théâtres, il n’aime pas moins les ors et les lustres ternis que la poussière amassée dans les coins, il aime les acteurs mais tout autant le personnel des coulisses et ceux qui, sans la moindre notoriété médiatique, œuvrent pour le théâtre, tel ce menuisier du Théâtre national de Lisbonne évoqué plusieurs fois dans le spectacle.
« Même dans les ruines » On va de petits bouleversements en petits bouleversements dans les méandres de cette histoire qui, du travail de plateau, va à la table de l’écrivain (Tiago Rodrigues est autant auteur que metteur en scène, chacun épaulant l’autre), chemine dans la mémoire du théâtre et autant dans ses pertes de mémoire, dans les trous des acteurs, dans ce livre où le souffleur consigne tous les trous des pièces qu’il a soufflées. Au fil des méandres, le théâtre traverse des scènes d’auteurs flambeaux comme Shakespeare, Tchekhov, Racine. C’est avec ce dernier que s’achève Souffle. Je n’en dirai rien, sauf ceci : quand les spectateurs ont été plongés dans le noir signifiant la fin du spectacle, j’avais, une fois de plus les larmes aux yeux. Et je n’étais pas le seul.
Comment fait le metteur en scène portugais pour nous mettre dans un état de fébrilité tel que les larmes y côtoient le sourire du ravissement ? De By Heart à Bovary en passant par Antoine et Cléopâtre (venu au Festival d’Avignon en 2015), Tiago Rodrigues multiplie les approches, les angles, les formes et c’est encore le cas avec Sopro, Souffle en français. Cela passe par un rapport aux spectateurs considérés comme des partenaires, des confidents, des membres de la communauté théâtrale à laquelle appartiennent tous les spectateurs potentiels. Cela passe par une confiance absolue dans la force du théâtre, dans sa pérennité, sa résistance infinie. « Fermer tous les théâtres ne fermera pas le théâtre », explique Tiago Rodrigues dans le programme. Il fonctionnera « même dans les ruines ». Et il l’a prouvé.
Je me souviens qu’un après-midi à Kaboul, dans le Théâtre national en ruines suite aux bombardements, sur ce qui restait de scène, les acteurs jouaient, peu importe quoi. Un gradé en treillis s’est approché entourés de ses hommes en armes. Une demi-heure plus tard, tous avaient posé leurs armes et, se serrant les uns contre les autres, suivaient l’action les yeux grands ouverts. L’idée du théâtre en ruines, les acteurs la trouvaient trop chargée de symboles, Tiago y a renoncé mais cela aussi est peut-être imaginaire, inventé, rien de tel que le théâtre pour toucher le vrai avec du faux. Elle est seule au début, elle se retrouve seule à la fin. Elle, la dame en noir, l’amie de l’ombre et des coulisses, la souffleuse, l’invisible, sortant de son trou d’antan, accompagnée vers la lumière par un Tiago Rodrigues qui pianote son spectacle du bout des doigt
“Le Sec et l’Humide”, Guy Cassiers studieux
Le Sec et l’Humide, le titre du spectacle n’est pas très incitatif. Mais le projet du metteur en scène flamand bien connu du Festival d’Avignon, Guy Cassiers, est intéressant. À partir d’un texte de Jonathan Littell, auteur des Bienveillantes, travailler sur la langue, le vocabulaire et la voix d’un fasciste belge, Léon Degrelle, pour montrer leur pouvoir politique : par la séduction, la persuasion, rassembler des gens autour d’une vision distordue de la réalité.
Et si, grâce à la force subliminale de cette voix, à ses intonations, même un conférencier objectif se laissait séduire inconsciemment, et que son discours critique au départ, bifurquait petit à petit vers une adhésion à des idées fascistes ?
C’est à cette démonstration que nous assistons: seul en scène, Filip Jordens soutenu par un écran, un micro, une discrète caméra, et une bande-son, tient une conférence sur Degrelle, illustrée par des extraits des discours de ce fasciste dangereux. Or très insidieusement, peu à peu, à la propre voix du conférencier, se superposent le timbre de voix, les intonations de Degrelle, jusqu’à ce que, perturbé, vampirisé, le conférencier rende les armes avec cette “chute” finale : “après moi, le Déluge” abyssal ! Tandis que, avec plus d’insistance encore, le visage du conférencier, visible en gros plan sur l’écran, se trouble jusqu’à devenir illisible. Perturbant évidemment d’assister “spectaculairement“, grâce à une collaboration de Cassiers avec l’Ircam, aux risques de manipulations auxquels nous sommes tous et à chaque instant soumis : oui veillons à ne pas être métamorphosés en monstre.
“Le Sec et l’Humide”, aujourd’hui à 15h, le 12 juillet à 15h et 18h. 04 90 14 14 14
Danièle Carraz
Bilan de l’atelier de sensibilisation au théâtre contemporain
L’atelier d’écoute du contemporain au théâtre fut particulièrement fertile, cette année, en rebondissements et surprises diverses. On dit parfois que « le hasard fait bien les choses », voire qu’il n’y a pas de hasards, eh bien le choix contraint des trois pièces du stage : Les Parisiens, Sopro et Le Sec et l’Humide, semble presque « faire système ». Comme l’a dit Alain Simon à l’orée de ces trois jours, « Densité vaut satisfaction », et, de ce point de vue-là, nous fûmes comblés. Trois spectacles d’une densité de texte et d’émotions extraordinaire. Trois spectacles où le Verbe, et donc, le texte et sa profération furent chaque fois au centre, même si ce geste fut entouré, enrichi, sublimé de quantité d’autres événements tour à tour essentiels ou contingents.
I Les Parisiens d’Olivier Py
Olivier Py croit au Verbe. Comme dans l’évangile de Jean. « Au commencement était la Parole ». Son spectacle est jésuite et baroque en diable, et pour tout dire, catholique. Et, par réaction, il me fait me poser cette question : « Faut-il vraiment croire au Verbe » ? Sa pièce est un tourbillon (oserais-je parler d’éjaculation), de mots, de mouvements, de lignes de fuite, de perspectives, sur un damier en noir et blanc qui est le seul point fixe, du début à la fin de la pièce. Nous sommes dans un stupre langagier, dans la jouissance d’un « j’ouis sens » pleine de ce pathos cynique et sublime où la jeunesse est le premier talent, où chaque orgasme est une Ste Véronique en transe ou une apparition infernale. Comédie satirique, métaphysique et mystique, au cœur du pouvoir culturel, cruelle et verbeuse, rêveuse et citadine, nombreuse et torrentielle. Puissante comme une homélie.
Qui dit à sa créature « Tu es parfait » se prend pour Dieu mais remet en cause sa propre perfection divine. Nous voici donc dans un univers à la fois post ou néo catholique (où il suffit au Messie qu’est l’Artiste de dire « une seule parole » pour que nous soyons guéris), et, en même temps, profondément subversif, transgressif, voire blasphématoire. Au fond, de quoi doit-on guérir ? Et qui sauve qui ? Au jeu de la Providence, Dieu se fait tout petit parmi les intrigues minables et dérisoires du pouvoir, traitées avec une allégresse qui rappelle le théâtre de boulevard et Feydeau et avec une cruauté qui peut évoquer Artaud ou le Divin Marquis. Même si LE Fils, sur la croix semble omniprésent sur les belles images pieuses d’antan qui descendent des cintres, ou dans cette scène magistrale dans laquelle Lucas, sous le poids de son matelas mousse comme le Christ sous celui de sa croix, quitte la scène et enjambe un à un les fauteuils de la salle parmi les spectateurs, en montant peu à peu vers SON Golgotha, tandis qu’un moine dominicain, resté sur scène l’interroge, tel un directeur de conscience, le Père manque. La religion ne peut plus sauver, désormais, qu’à travers une relecture forcément esthétique et, donc, forcément blasphématoire. L’artiste se substitue, de façon incomplète, au Messie. La foi se doit d’être élégante et désespérée. La mode a pris le pas sur Dieu. Il convient d’être décalé. Une foi de sybarite en somme, ou de dandy. Qui aura le dernier mot, « L’Être » ou « l’étron » ?
Olivier Py voulait certainement nous conduire plus loin que son bouleversant Orlando ou l’impatience. Son ambition était que nous ne puissions plus, après son spectacle, regagner nos maisons, revenir béatement et benoîtement dans nos pénates et nos pantoufles intellectuelles. Que nous soyons devenus, en quelque sorte, étranger dans ce qui ne pouvait plus être chez nous. J’ai pourtant eu la sensation, hier, d’assister, parfois, à un fac simile de ce premier spectacle avec Les Parisiens.
Quoi qu’il en soit, le Christ ne peut se rencontrer à Paris, sur cet échiquier en blanc et noir. Où, alors, Peut-être sur la mer, parmi les réfugiés, mais de cela Olivier Py ne dit mot. Dans l’ensemble, son spectacle manque un peu de silence, de blanc, de ce vide médian qui permettrait au monde de s’infiltrer au cœur de ce prêche post-moderne, proférée par un St Bernard des égouts, et de le fissurer. Alain Nouvel
II A propos du spectacle de Tiago Rodriguez « SOPRO » représenté au Cloître des Carmes à Avignon le Dimanche 9 juillet 2017 (écrit par Dominique Emilia Soler)
SOPRO est le mot qui désigne le souffle en portugais
Au commencement était le souffle et c’est ainsi que commence le spectacle. Un mistral souffle derrière nos têtes, gigantesque bruit du vent sans vent et, sur le vaste plateau de planches, quelques herbes folles suggèrent un lieu abandonné, un théâtre.
Christina, souffleuse de son métier pendant 40 ans , est le sujet de cette pièce, et voilà qu’Elle est sur scène, du début à la fin, on n’entendra jamais sa voix, elle chuchote, à l’oreille de quelques comédiens, tranquillement là, son histoire. Mais on la voit. Elle dit, ou plutôt, fait dire aux deux actrices qui l’incarnent et qui sont SA voix, avec un sens aigu d’une réalité à hauteur de plateau, que son bonheur réside dans le fait que personne ne sait qu’Elle existe, son invisibilité étant la preuve de son talent et de son pouvoir ; c’est Elle qui, depuis son trou, sauve les acteurs du TROU de mémoire, de l’angoisse du vide, de la mort. Par elle, le texte de théâtre glisse du passé au présent, de l’absence à la présence. Elle est celle par qui il s’incarne.
Un corps énorme mais léger et discret, allant de l’un à l’autre des acteurs.
Ce roc habillé de noir, et pourtant si humain et si doux, et si Tiago Rodriguez l’avait extrait presque de force de sa fosse ? … comme si Elle avait peu à peu enflé de tous les mots lus et soufflés, dans une chuchotante immobilité.
Il me vient une rêverie… Ils ont dû, chaque année, élargir la loge pour que son corps puisse s’y dilater et peut-être est-ce là qu’Elle dort ? C’est sa grotte, son antre, Elle aime vivre dans l’ombre, dans cette ombre féconde entre le texte écrit et la parole qui le rend vivant, qui l’éveille. Elle est à la source de cet éveil. Et pourtant, elle est là, humble, discrète, omniprésente. Un fantôme plus vivant que les Vivants, ces marionnettes qu’elle ne manipule pas mais qu’elle dirige de sa main douce qui dit où aller.
La vie ne serait-elle, comme Elle nous le suggère, que ces rôles joués, soufflés par nos ancêtres, souvent mal articulés, à contre-temps… Elle s’imagine soufflant des poèmes aux deux amoureux qui ânonnent des « je t’aime » assis sur un banc. Dieu, que nous prenons bien au sérieux notre vie, nos rôles ! Souvent autistes, volontaristes, plus attentifs à répéter ce qui s’écrit en gros caractères qu’à entendre ce que nous souffle notre « âme poétique» ? Notre flamme, l’univers autour de nous, le chant des grenouilles.
Le théâtre serait-il alors une revanche ? Tout à coup, derrière nous, un train passe fracassant, le théâtre n’est plus en ruines, ni abandonné, il est au milieu du monde, les herbes poussent à travers les planches, des orages grondent et au spectacle se mêlent des cris joyeux qui fêtent un anniversaire, sur la place des Carmes qui jouxte le cloître, dehors…
Le cloître ouvert , et comme un écho, à la fin, Tiago et les comédiens nous invitent à chanter pour fêter l’anniversaire de Christina, la Souffleuse ; eux, si sobres et statiques durant la représentation, se mettent ( par réaction ?) à trépigner de joie en l’embrassant.
Bilan partiel (Alain Nouvel)
Déjà, ces deux premiers spectacles permettent de bâtir des oppositions fructueuses. L’hybris de l’un s’oppose à la modestie de l’autre. Dans le premier, Olivier Py, le metteur en scène démiurge, crée son univers théâtral à partir de son propre roman. Lui-même affirme que s’il a voulu adapter celui-ci, c’est que cette mission lui paraissait impossible. C’est un défi qu’il se propose de relever. Un ego disproportionné et héroïque se démultiplie donc et renvoie des images de lui-même à l’infini. Dans le second, au contraire, un homme de théâtre, Tiago Rodrigues, et son équipe, décident de se mettre à l’écoute de la plus discrète d’entre eux, et de rendre visible le souffle qu’elle fait passer. Il montre ainsi ce qui ne se voit pas, ne fait aucun bruit, mais habite chacun de nous. L’écriture de ce texte étant collégiale et plurielle, l’individu s’efface devant le collectif. Pour terminer, je mettrais volontiers en regard les deux « sols » sur lesquels se construisent ces deux pièces. J’opposerais au dallage en damier noir et blanc, impitoyable et régulier mais stérile des Parisiens, ce plancher à claire-voie de Sopro, fragile et ancien mais fécond, et qui s’éclaire et nous éclaire, et dans lequel passent et poussent des herbes vivantes et vertes, de vraies plantes. La vie y passe entre les trous.
Et Alain Simon nous dit alors cette phrase : « Tu ne peux devenir acteur que si tu acceptes de te métamorphoser, non pas en un autre extérieur, mais en un autre toi-même, en cette altérité de toi que tu n’as jamais voulu vivre ni développer, mais qui est là et te menace, qui est celle ou celui qui veut aller, sortir de toi et qui te nie et qui te joue, se joue de toi, si tu ne la joues pas. »
Cet atelier de trois jours dirigé par Alain Simon prolonge les Ateliers publics du mardi qui ont lieu tout au long de l’année pour permettre au public d’accéder à des espaces de pratique théâtrale, de réflexion critique et de connaissance du théâtre contemporain et de ses auteurs. Il propose aux participants un atelier pratique et théorique au Théâtre des Ateliers avant de se rendre en covoiturage à Avignon pour voir les trois spectacles choisis dans la programmation du Festival.
Le principe de cet atelier est de déterminer et d’expérimenter à partir de spectacles vus en commun la place faite au texte sur le plateau, les codes de jeu, les filiations théâtrales, la singularité des artistes, les enjeux esthétiques et la conception du travail de l’acteur mobilisés à l’occasion de ces mises en scène.
Programme
jeudi 9 juillet :
– Atelier pratique et théorique de 16h à 18h30 au Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Pce
– 22h : Le vivier des noms – Texte, mise en scène et peintures de Valère Novarina
Deuxième arche d’un pont lancé en 1986 par Le Drame de la vie, Le Vivier des noms ouvre une nouvelle fois l’entrée perpétuelle sur scène de plus de deux mille noms appelés à cheminer autour d’une Historienne peu fiable pour renverser l’espace, faire rebondir les phrases et les rendre visibles. Cloître des Carmes – durée estimée 2h11
Vendredi 10 juillet
– Atelier pratique et théorique de 14h00 à 16h00 au Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Pce
– 18h : No world / FPLL – Indiscipline. Conception, mise en scène et scénographie Winter Family
spectacle en français et en anglais surtitré en anglais et en français
Une traversée des neuf cercles du purgatoire dantesque pour dire avec humour et insolence notre monde de l’après saturation. Un théâtre documentaire original, visuel et sonore, pris en charge par des acteurs – danseurs – performeurs à la manière d’une TED conférence totalement décalée et volontairement embarrassante. Chartreuse de Villeneuve les Avignon – Durée 1h
– 22h : Le roi Lear de William Shakespeare, traduction et mise en scène Olivier Py
Le Roi Lear, une pièce pour le vingtième siècle ? Pour le démontrer, Olivier Py propose sa propre traduction de l’œuvre de Shakespeare. Dans la Cour d’honneur, les pères humiliés errent et leurs enfants manigancent. De guerres en aveuglements, tous creusent leur propre tombe et courent vers le néant. Cour d’honneur du Palais des Papes – Durée estimée 2h30
samedi 11 juillet
Atelier pratique et théorique et bilan du travail de 11h30 à 13h30 au Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence.
Dieudonné Niangouna
Auteur, comédien et metteur en scène, Dieudonné Niangouna est l’une des figures du renouveau théâtral du continent noir africain. Directeur artistique de la compagnie Les Bruits de la rue, créée en 1997 à Brazzaville avec son frère Criss, il est également le fondateur du festival Mantsina-sur-scène, qui se tient en décembre dans la capitale congolaise. Né en 1976, il a grandi au rythme des guerres qui ont ébranlé son pays tout au long des années 90. Son théâtre naît et vit dans les rues, en dehors des théâtres détruits par la guerre, inventant un nouveau langage provocant, explosif et dévastant, à l’image de la réalité congolaise. Ses pièces Attitude Clando et Les Inepties Volantes ont été créées au Festival d’Avignon en 2007 et 2009 et en 2013 il est le premier artiste africain associé au Festival où il présente Sheda. Invité depuis 2002 neuf fois aux Francophonies en Limousin, il y crée en 2014 Le Kung Fu et M’appelle Mohamed Ali.
Ses textes sont publiés au Cameroun aux éditions Sopecam et Interlignes, en Italie aux éditions Corsare et en Frances aux éditions Ndzé , Carnets-Livres et Les Solitaires Intempestifs qui publient aussi son essai Acteur de l’écriture en 2012.*
Extrait d’un entretien sur RFI en octobre dernier :
Créations de l’auteur
Théâtre
Bye ! Bye !,
Capitaine 10, éditions Sopecam (Cameroun), 2004
Carré blanc, Editions Interlignes (Cameroun), 2006 (suivi de Pisser n’est pas jouer) ; in Teatro Dieudonné Niangouna éditions Corsare, Italie 2005
Intérieur-Extérieur, version sur la route, in La trace : Volume I , éditions Carnets Livres (présenté en 2003 au festival “Nous n’irons pas à Avignon”)
Dors Antigone, publié aux éditions Nzé, Paris 2007, mis en scène par Véronique Véllard, compagnie Anoppée théâtre – Paris – France
Balle à terre, mis en scène par Gianni Gregory Formet, le théâtre des folles pensées (Roland Fichet) – Saint Brieuc – France
Patati Patatra et des Tralalas in Teatro Dieudonné Niangouna éditions Corsare, Italie 2005 mis en scène par Sophie Lecarpentier, Compagnie Eulali – Rouen – France
J’ai rêvé d’un opéra des quat’sous, mélange de textes de Bertholt Brecht et de Dieudonné Niangouna mis en scène par Eva Doumbia, compagnie la Part du pauvre – Marseille
Attitude Clando, 2008, Les Solitaires intempestifs ; in Teatro Dieudonné Niangouna éditions Corsare, Italie 2005 ; in “Jeunes auteurs en Afrique”) aux éditions CulturesFrance, Paris, 2007 ; in La trace : Volume I , éditions Carnets Livres
La mort vient chercher chaussures, in La trace : Volume I , éditions Carnets Livres, spectacle créé dans le cadre de “Ecritures d’Afrique”, au Théâtre du Vieux Colombier à Paris, 2005.
Affaires Etrangères, inédit, co-écriture avec Eugène Durif.
Un grand Silence prochain , inédit, mis en scène par Jean Paul Delore.
Banc de Touche, éditions Corsare, Italie 2006, présenté au Tarmac (La Villette) à Paris en juillet 2006.
Les Inepties volantes, 2008, Les Solitaires intempestifs, (pièce primée par la commission nationale d’aide à la création du Centre national du Théâtre / avril 2009), création au Festival d’Avignon 2009 suivie d’une tournée en France.
Poiscaille paradis, inédit, 2009
Le Grand Ecart, pièce courte, mise en scène Eva Doumbia, compagnie La part du pauvre, Marseille, 2009
Le Socle des vertiges, Les Solitaires intempestifs, septembre 2011.
My name is…, in “Jeunes auteurs en Afrique”) aux éditions CulturesFrance, Paris, 2007 ; in La trace : Volume I , éditions Carnets Livres
Trace : compilation des textes Intérieur-Extérieur, Attitude Clando, Je vous aime la bête, Sortie Filet, Le Grand écart, Couvre-Gueule, Banc de touche, My Name is…, Je Nique, je nique, je nique, éditions Carnets-Livres, 2007
Souvenir des années de guerre : compilation des textes L’Age des maîtres impolis, L’Amant de la tempête, La Mort vient chercher chaussure, Carré blanc, Les Murs sont gris, Patati Patatra et des tralalas, Couvre-Gueule, Les Bagarreurs de la première minute, Et le Général a dit je vous emmerde, Les Inepties volantes, publié aux éditions Carnets livres, 2009
Sac au dos, inédit, 2012
Un Rêve au-delà, in Songe, éditions Carnets Livres, 2013 ; création au Festival d’Avignon 2013, mise en scène par DeLaVallet Bidiefono
Sheda, in Songe, éditions Carnets Livres, 2013
M’appelle Mohamed Ali, 2012, in Songe, éditions Carnets Livres, 2013, Les Solitaires intempestifs, avril 2014.
Le Kung Fu, 2014.
Essai
Acteur de l’écriture, Les Solitaires intempestifs, 2013
Adaptation
Le Cœur des enfants léopards, de Dieudonné et Criss Niangouna, adaptation d’après Le Cœur des enfants léopards de Wilfried N’Sondé
Mises en scène
Mon beau Capitaine, de Simone Schwartz-Bart
Big ! Boom ! Bah !, d’après Nouvelle Terre, de Wéré Wéré Liking
Les Larmes des cercueils, de Abdon Fortuné Khoumba
Dans la Solitude des Champs de Coton, de Bernard Marie Koltès (23es Francophonies en Limousin – 2006)
Attitude Clando, texte et mise en scène de Dieudonné Niangouna, texte écrit en résidence à la Maison des auteurs de Limoges, créé au Festival d’Avignon 2007, repris Francophonies en Limousin.
Le Socle des vertiges création aux 28es Francophonies en Limousin, septembre 2011.
Sheda, texte et mise en scène de Dieudonné Niangouna, création au Festival d’Avignon, 2013.
Le Kung Fu, 2014, texte, mise en scène et jeu Dieudonné Niangouna (création à Limoges, tournée en France, Allemagne et Suisse en 2014-2015)
A propos de Dieudonné Niangouna
Portraits latents, conception et photos de Nabil Boutros, sélection de textes de Koffi Kwahulé, Dieudonné Niangouna, Marcel Zang et Koulsy Lamko, AFAA/CulturesFrances, 2006.
Le Théâtre de Dieudonné Niangouna. Corps en scène et en parole par Amélie Thérésine, Acoria éditions, 2013
Comédien
La Malaventure, de Kossi Efoui, dans la mise en scène de Célestin Causé
Le Révizor, de Nicolas Gogol dans la mise en scène de Bernard Sallé
Le Premier, de Israël Horowitz dans la mise en scène de Felhyt Kimbirima
La Fable du cloître des cimetières, de Caya Makhélé dans la mise en scène de Jean-Louis Ouakabaka
L’Europe inculpée, de Letembet Ambily dans la mise en scène de Arthur Vé Batouméni
Mélodie 6, textes de Natacha de Pantchara, Sony Labou Tansi, Eugène Durif et Jean-Yves Picq dans la mise en scène de Jean-Paul Delore
Intérieur-Extérieur, version sur la route, texte et mise en scène de Dieudonné Niangouna
Affaires étrangères, textes de Eugène Durif, Jean-Paul Delore, Dieudonné Niangouna dans la mise en scène de Jean Paul Delore.
Un grand Silence prochain, textes de Sony Labou Tansi et Dieudonné Niangouna dans la mise en scène de Jean Paul Delore.
La Dernière interview, dialogue imaginaire entre Dieudonné Niangouna et Jean Genet, conçu et mis en scène par Catherine Boskowitz, Cie abc, 2010.
…
Vidéos
Entretien avec Marie-Agnès Sevestre, réalisé par en juillet 2011 par Theatrevidéo.net, en partenariat avec les Francophonies en Limousin.
Dieudonné Niangouna et Les Francophonies en Limousin
2002 19es Francophonies en Limousin :
Carré blanc,, texte et mise en scène Dieudonné Niangouna, par Dieudonné et Criss Niangouna, compagnie les Bruits de la rue.
2006 – 23es Francophonies en Limousin : Dans la Solitude des Champs de Coton, de Bernard Marie Koltès, mise en scène de Dieudonné Niangouna.
2007,
mars-avril : résidence à la Maison des auteurs pour l’écriture de la pièce Attitude Clando (création au festival d’Avignon).
24es Francophonies en Limousin : Attitude Clando, écriture, mise en scène et interprétation Dieudonné Niangouna, compagnie Les Bruits de la Rue.
2008, Le Bar des auteurs, 25es Francophonies en Limousin : Les Inepties volantes, lecture par Dieudonné Niangouna accompagné de Pascal Contet.
2010, 27es Francophonies en Limousin :
Les Inepties volantes, mise en scène et interprétation Dieudonné Niangouna, création musicale et interprétation Pascal Contet.
Le Socle des vertiges, lecture par Dieudonné Niangouna (Le Bar des auteurs).
2011, 28es Francophonies en Limousin :
Le Socle des vertiges, création, mise en scène par Dieudonné Niangouna, Cie Les bruits de la rue.
La dernière interview, dialogue imaginaire entre Dieudonné Niangouna et Jean Genet, de Dieudonné Niangouna, mise en scène Catherine Boskowitz, Compagnie abc.
Jean Genet ou Le monde en diagonale lecture par Dieudonné Niangouna, dirigé par Catherine Boskowitz, (Le Bar des auteurs).
2012 – 29es Francophonies en Limousin : My name is… texte de Dieudonné Niangouna. Mise en scène, scénographie et jeu Harvey Massamba.
2014, 31es Francophonies en Limousin :
> création de : Le Kung Fu, texte, mise en scène et jeu Dieudonné Niangouna.
> M’appelle Mohamed Ali, texte Dieudonné Niangouna, mise en scène et scénographie Jean Hamado Tiemtoré, jeu Etienne Minoungou.
> Dieudonné Niangouna participe à la rencontre Mantsina sur scène, 10 ans de résistance théâtrale !
La Compagnie Les Bruits de la rue
En 1997, réfugiés à Pointe-Noire, pendant que la bêtise humaine brûle leur pays, deux frères de sang, de nom et de scène, Dieudonné et Criss Niangouna inventent une pratique de jeu théâtral, une forme de résistance, qu’ils baptisent « le big !boum !bâh ! ». Son principe : construire un jeu qui commence, mine de rien, au détour des trois coups du théâtre et finit par prendre de l’ampleur, accentue son rythme jusqu’à l’explosion. Ensuite vient le silence brutal. Un blanc. Une minute hors théâtre, hors-jeu, mais jeu contre jeu quand même. Puis le principe recommence à zéro. La scène qui suit n’a rien en commun avec la scène précédente pour aboutir à une perpétuelle recréation du jeu dans un même espace.
Le « big !boum !bâh ! » a donné naissance à la compagnie Les Bruits de la Rue qui fait ses débuts sur scène avec la pièce Carré Blanc, présentée, entre autres, au Festival des Francophonies en Limousin en 2002.
S’ensuit une collaboration artistique avec la compagnie Eulalie de Rouen dirigée par Sophie Lecarpentier qui donne naissance à la co-production Patati Patatra et des Tralalas de Dieudonné Niangouna mise en scène de Sophie Lecarpentier, créée à Brazzaville, Paris et Kinshasa. La pièce est jouée 36 fois : 2 fois dans les deux Congo, et 34 fois en France.
En 2003, Les Bruits de la Rue crée Intérieur-Extérieur (version sur la route), texte et mise en scène de Dieudonné Niangouna à Vitry sur Seine.
En 2004 la compagnie est invitée à la troisième édition des résidences d’écriture et de création « Récratrales » à Ouagadougou (Burkina Faso) pour créer un spectacle. De là est né le texte de Banc de Touche écrit par Dieudonné Niangouna, et une première expérience de mise en scène par Emmanuel Letourneux. En fin Juillet 2005, la compagnie décide de recréer
Banc de Touche à Brazzaville dans la mise en scène de l’auteur.
De 2004 à 2007, la compagnie va mettre en place un projet de chantiers d’expérimentation théâtrale sur la pièce Dans la solitude de champ de coton de Bernard Marie Koltes, mis en
scène par Dieudonné Niangouna. Ce projet qui part en tournée en septembre 2006 au Festival des Francophonies à Limoges jusqu’en en mars 2007 à Bologne en Italie, en passant par les Centres Culturels Français de l’Afrique de l’Est, de l’Afrique Australe, et de l’Océan Indien.
En 2006, la compagnie présente Banc de Touche au Tarmac de la Villette pendant tout le mois de Juillet.
En 2007 à l’invitation du directeur du Festival d’Avignon, Vincent Baudriller, Dieudonné Niangouna et Les Bruits de la Rue créent Attitude Clando. Cette création est jouée près d’une soixantaine de fois en Afrique, en Europe et en Amérique Latine.
Pour la seconde fois la compagnie Les Bruits de la Rue est présente au Festival d’Avignon en 2009 avec Les Inepties Volantes, un texte et une mise en scène de Dieudonné Niangouna avec la collaboration artistique de l’accordéoniste Pascal Contet.
La compagnie est partenaire du projet Les Carnets Sud / Nord, dirigé par le metteur en scène Jean Paul Delore et est membre fondateur Festival International de Théâtre Mantsina sur Scène à Brazzaville.
article d’après theatrecomtemporain.net et www.lesfrancophonies
Le Théâtre des Ateliers a créé en 1995 à Aix-en-Provence une compagnie de formation associée, « La compagnie d’entraînement » afin de permettre à dix élèves comédiens de s’insérer dans le milieu artistique professionnel grâce à un travail d’un an de création, d’essais et de recherches en relation avec le public d’un théâtre implanté, en privilégiant le travail en compagnie. Cette formation intensive de 900 heures par an et gratuite s’adresse à des futurs comédiens et s’appuie sur l’expérience acquise par le Théâtre des Ateliers dans le domaine de la formation depuis plusieurs années. De fréquents rendez-vous avec le public, les échanges des élèves entre eux, l’intervention d’artistes invités pour des séminaires, l’accompagnement théorique et pratique font l’originalité de cette formation. Chaque promotion est associée à un auteur contemporain, et les élèves expérimentent, recherchent, s’entraînent sur son œuvre tout au long de leur formation, et travaillent avec lui au cours d’un séminaire de trois jours en vue de la création en juin d’une de ses œuvres pour 8 représentations.
Directeur artistique et pédagogique : Alain Simon, comédien, metteur en scène, pédagogue, directeur artistique du Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence
Auteur associé à la promotion 2014-2015 : Michel Deutsch
« En créant cette structure de formation, je tenais au principe d’un fonctionnement de 10 élèves en compagnonnage pendant un an, avec une identité forte, celle de compagnie avec toute la vie collective qu’elle implique. Je trouvais important qu’il y ait un équilibre entre les moments d’auto-formation et de formation car on apprend d’abord en faisant, en se trompant, en hésitant avec les autres. Mais en même temps, il fallait un responsable artistique qui mémorise l’essentiel des parcours, propose les travaux aptes à faire évoluer les élèves, commente les résultats, sans oublier de témoigner de ses propres conceptions et pratiques du théâtre. Différents intervenants plongent les élèves dans leur univers artistique et les amènent à développer leur aptitude à servir le parti pris d’un créateur sans perdre le lien avec leur parcours singulier : c’est important que les élèves soient à la fois sous influence et en même temps « maturent » leur propre point de vue sur le théâtre car il ne s’agit pas seulement de former des comédiens adaptables aux différents metteurs en scène mais surtout de favoriser l’émergence d’acteurs auteurs de leur travail. Apprendre par la pratique, apprendre en se confrontant aux autres, en coopérant avec eux, apprendre à avoir une vision personnelle tout en étant disponible à l’influence, pratiquer l’utopie et l’insérer dans le réel de son métier, être à l’écoute de sa sensibilité, de sa vision, bref respecter ce qui vient de soi et décliner sans cesse cette exigence : être un artiste. » Alain Simon
avec Jean-Marie Broucaret, comédien, metteur en scène, directeur artistique du Théâtre des Chimères de Biarritz et du Festival des Translatines.
Alain Reynaud, clown fondateur de la Compagnie des Nouveaux-Nez, directeur artistique de La Cascade – pôle Cirque National et du Nouveau festival d’Alba La Romaine (07)
Jean-Pierre Ryngaert, professeur émérite à l’Institut d’études théâtrale de l’Université Paris 3, intervenant à l’ERAC.
Guillaume Siard, danseur de la compagnie Preljocaj, il est en charge de la pédagogie au Pavillon Noir à Aix-en-Provence.
Michel Deutsch : Écrivain et metteur en scène, il est l’auteur de nombreux ouvrages, poésies, essais, pièces de théâtre traduites en plusieurs langues et jouées dans de nombreux pays.
Les spectateurs assistent à la partie publique d’un travail qui a lieu sur plusieurs jours. Même si les intervenants et les élèves comédiens de « La compagnie d’entraînement » choisissent l’aspect qu’ils veulent montrer de leur parcours de travail, le public reste privilégié en partageant des moments qui habituellement restent confidentiels. Ceux-ci peuvent prendre l’aspect d’une mini représentation, d’une séance de travail, ou d’une démonstration éclairant une thématique choisie.
Ces présentations de travaux sont sous la responsabilité des élèves de « La compagnie d’entraînement ». La première soirée est consacrée aux théoriciens du théâtre : les élèves choisissent des textes théoriques qui les aident dans leur pratique d’acteur ; ils expérimentent en public les applications sur scène de ces découvertes. La deuxième soirée est consacrée aux écritures scéniques : en considérant le plateau comme la toile du peintre ou comme la page blanche de l’écrivain les élèves comédiens proposent des séquences où ils abordent en même temps espace, textes, sons, déplacements…en faisant l’expérience d’être écrivain scénique. La troisième soirée est consacrée aux travaux de recherche : ils consistent à explorer, à partir de textes de l’auteur associé à la promotion et en sa présence, différents points de vue, expérimentant des partis pris opposés.
Christian Benedetti, Jean-Louis Benoît, Pierre Béziers, Jean-Marie Broucaret, Emilio Calcagno, Christian Carrignon, Yann Collette, Laura Desprein, Agnès Dumouchel, Laure Florentin, Pascale Henry, Catherine Hiegel, de la Comédie française, Israël Horovitz, Valérie Marinese, Jeanne Mathis, Philippe Minyana, Alain Reynaud, Mohamed Rouabhi, Agathe Rouillier, Jean-Pierre Ryngaert, Guillaume Siard.
1999-2000 Israël Horovitz, 2000-2001 Philippe Minyana, 2001-2001 Emanuelle delle Piane, 2002-2003 Hubert Colas, 2003-2004 Eugène Durif, 2004-2005 Noëlle Renaude, 2005-2006 François Cervantès, 2006-2007 Daniel Danis, 2007-2008 Rodrigo Garcia, 2008-2009 Pascal Rambert, 2009–2010 Joël Jouanneau, 2010-2011 Jon Fosse, 2011-2012 Jean-Pierre Siméon, 2012-2013 Dimitris Dimitriadis, 2013-2014 Frédéric Sonntag, Auteur associé à la promotion 2014-2015 : Michel Deutsch.
Renseignements : 04 42 38 10 45 – – theatredesateliers@yahoo.fr
« La compagnie d’entraînement » est soutenue par la ville d’Aix-en-Provence, le Conseil général des Bouches-du-Rhône et le Conseil régional PACA. Ses partenaires sont le CNES de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, le Ballet Preljocaj, les ATP d’Aix-en-Provence et le Festival d’Art Lyrique.
Réalisé par TechMac
Copyright © 2025 Le théâtre des ateliers. Tous droits réservés.